À propos de cette édition

Éditeur
L'instant même
Genre
Hybride
Longueur
Recueil
Format
Livre
Pagination
126
Lieu
Québec
Année de parution
1990
ISBN
2921197057
Support
Papier

Résumé/Sommaire

[5 SF ; 1 FA ; 8 HG]
La Division
Le Rangement
L'Autre
Courir
La Méthode
L'Épreuve
Quand ils viennent
L'Abri
Delphes
La Vie de faubourg
La Chute
La Taillanderie
Bellamy, par exemple
Failles

Commentaires

En guise d’épigraphe à ce troisième recueil de Bertrand Bergeron, apparaît une très belle citation de Nathalie Sarraute : Si fragile, on le sait bien. Qui ne sait que les fusions les plus complètes ne durent que peu d’instants. Ces paroles, qui conviennent tout à fait au genre de la nouvelle, annoncent les intensités et les fragilités à venir, les déceptions et les étonnements inscrits dans l’éphémère et l’incontournable de l’existence. Dans le dernier recueil de Bergeron, persiste en effet le sentiment d’un quelque chose qui fuit dans les marges, en dehors de soi ou des chemins habituels. C’est comme si l’auteur cherchait à saisir l’insaisissable, à cerner l’instant dans ce qu’il a de plus vivant, à traduire la mouvance et l’aléatoire. Persiste dès lors un tremblement dans le regard, la parole et le geste, qui fait douter de la réalité d’une image, d’un espace ou d’un personnage. Prose impressionniste que celle de Bergeron, sûre et fragile, à la frontière du rationnel et de l’irrationnel.

Quatorze nouvelles composent Transits et la plupart d’entre elles ont été publiées dans des revues québécoises et étrangères entre 1986 et 1989. Trois inédits seulement sont intégrés au recueil : « Failles », qui montre un personnage aux prises avec l’effritement progressif de sa propre réalité ; « Le Rangement », palabre philosophique dans lequel l’auteur interroge les limites de concepts et de mots ; et « Quand ils viennent », qui rend manifeste l’arbitraire des valeurs et des certitudes.

Transits se situe dans le prolongement des recueils Parcours improbables et Maisons pour touristes dans lesquels le nouvelliste avait exploré l’idée du lieu de passage, du trajet, du désir. Certaines nouvelles de Transits (« Delphes », « L’Autre ») évoquent un même univers thématique, révèlent une même attraction envers l’autre, l’inconnu et l’ailleurs – ce qui n’étonne qu’à demi puisque les textes ici publiés ont vraisemblablement été rédigés au cours de la même période que ceux du livre précédent. Domine toutefois dans ce dernier recueil l’idée de la frontière, avec ce que cela comporte de jeux dérogatoires à la limite de territoires nouveaux. Les corps s’agitent à l’intérieur d’espaces insuffisants ou instables (« L’Abri »), d’espaces en perpétuelle métamorphose (« La Taillanderie ») ; les personnages défient les conventions et les lois (« L’Autre », « La Vie de faubourg », « Courir », « L’Épreuve », « Bellamy, par exemple »), s’interrogent sur les limites de champs ou de concepts (« Le Rangement », « La Méthode », « La Chute »), sur la construction du réel (« Failles ») ou de l’identité (« La Division »).

Transits poursuit donc la démarche fascinante de Bertrand Bergeron, et procure tout le plaisir du transitoire, de l’éphémère, de l’interdit. Un trajet à destination multiple. [RP]

  • Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 19-20.

Références

  • Cloutier, Georges Henri, Solaris 98, p. 35-36.
  • Dufour, Geneviève et Audet, René, Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec VIII, p. 657-659.