À propos de cette édition

Éditeur
Phénix
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Phénix 28
Pagination
83-95
Lieu
Bruxelles
Année de parution
1991
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Quatre cracks de la Sous-section des Hypothèses Gratuites sont mandatés pour trouver un plan qui mettra fin à la guerre qui oppose le Nord au Sud. Leur trouvaille : modifier la trajectoire de la Lune pour provoquer des raz-de-marée à répétition dans l’hémisphère sud. Leur solution a cependant le désavantage de chambarder l’ordre du système solaire, lequel constitue le quarante-troisième chromosome de Dieu qui est Univers, détruisant par le fait même son système immunitaire.

Commentaires

Depuis que François Barcelo a déclaré publiquement que la science-fiction avait été un accident de parcours dans son cheminement d’écrivain et qu’il ne s’y aventurerait plus, Nando Michaud occupe à lui seul tout le terrain de la science-fiction humoristique ou de l’humour à saveur SF, c’est selon.

Au départ d’une nouvelle de Nando Michaud, il y a toujours une idée extrêmement originale et, le plus souvent, très drôle. Ici, prenant au pied de la lettre la théologie de saint Thomas d’Aquin qui associe Dieu et l’univers, il imagine un récit complètement capoté dans lequel le système solaire représente un gène responsable du mécanisme de la production des anticorps du Très-Haut. Ainsi, la modification de l’orbite de la Lune risque d’avoir des conséquences fâcheuses sur l’organisme du « Grand Hôte » puisque son système immunitaire se trouve détruit !

Il y a dans la science-fiction pratiquée par Michaud un mélange de principes scientifiques avérés (la composition de la matière, la structure moléculaire du corps humain) et d’idées farfelues (le remorquage de la Lune au-dessus du 45e parallèle sud) à la Terry Gilliam. En passant, il paie un hommage discret à la clairvoyance des auteurs de SF et réhabilite le genre : «… l’expression “auteur de science-fiction” était en ce temps-là un terme péjoratif pour désigner ce qu’aujourd’hui nous appelons plus respectueusement “Prophète”. »

La nouvelle de Michaud contient un deuxième niveau de lecture alimenté par la symbolique des noms des différents personnages. Ainsi, les quatre capotés ont pour nom MacHyavel, Tally Rand, Hill Church et Lyne Sthal, tandis que le conducteur du vaisseau chargé de remorquer la Lune s’appelle Nietzsche, comme le philosophe qui a décrété la mort de Dieu. Quant au professeur de théologie moléculaire chargé d’expliquer la théorie de l’adéquation de l’univers et de Dieu, il se nomme évidemment Dhomas Taquin. À ces noms s’ajoutent ceux de Démocrite et de Platon. Comme on peut le constater, l’auteur a bien potassé la philosophie.

Les jeux de mots et les traits d’humour abondent. Seul le titre – typique de la manière de l’auteur – n’a pas vraiment de rapport avec le texte et manifeste, chez Michaud, une tendance parfois regrettable à céder à la facilité. Il a au moins l’excuse d’être drôle.

« Le Très-Haut n’avait pas de capote anglaise » est l’antidote aux romans prétentieux et soporifiques de tous les Claude-Gérard Sarrazin et Henri LaFrance qui sévissent dans la science-fiction québécoise. Nando Michaud ne fait pas mentir sa réputation d’avoir les idées les plus « flyées » de la SFQ. Tordant, jouissif et délirant ! [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 120-121.