À propos de cette édition

Éditeur
Berthiaume & Sabourin
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Monde illustré, vol. IX, n˚ 452
Pagination
411
Lieu
Montréal
Date de parution
31 décembre 1892

Résumé/Sommaire

En 1867, sur les bords de la Garonne en France, deux séries d’événements se produisent. D’abord, il y a la rencontre d’un bon jeune ouvrier qui fait la charité à une vieille dame. Pour le récompenser, la dame lui remet un « talisman », qui n’est en fait qu’un bout de papier contenant des conseils pour bien vivre honnêtement du fruit de son travail. La dame lui dit aussi qu’elle pense qu’il ne tardera pas à jouir d’une bonne fortune et de l’estime de ses semblables, s’il est réellement ce qu’elle pense. En quelques années, la prédiction se réalise.

Toutefois, un ouvrier, concurrent de l’heureux homme, est jaloux de sa fortune. Il va voir la même dame, qu’il nomme la bonne fée, et lui demande des faveurs. Elle doute pouvoir l’aider, mais consent à lui accorder trois souhaits, s’il change de conduite. Sa première réaction est de se dire qu’il sacrifiera le premier souhait, « pour faire tomber la fortune et la bonne réputation de [son] concurrent ». Puis, en route vers la maison, il fait trois vœux insignifiants qui résultent en la perte de son cheval, dont l’attelage se retrouve sur le dos de sa femme, et disparaît enfin « comme par enchantement ». Il a tout gaspillé.

Aussitôt après le dernier prodige, « une femme jeune au regard angélique […] la Philanthropie » lui apparaît. Elle lui dit qu’elle porte secours aux gens qui travaillent et qui sont honnêtes et bons, mais jamais aux « méchants, ni [à] ceux qui veulent s’enrichir aux dépens des autres ».

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Commentaires

Conte facétieux, ce texte relève du genre de l’exemplum et du conte de fées. Écrit surtout pour faire la morale et défendre l’idéal du travail honnête, il est certes sans prétention, se donnant avant tout comme un cadeau du nouvel an aux abonnés du Monde illustré.

Il fait penser aux contes, dont « Les Trois Souhaits », de Paul Stevens, avec qui Labat partage une même origine européenne, le premier étant belge, l’autre d’origine française. Il est difficile de déterminer si cela a quelque chose à voir avec le choix du genre et la reprise du motif des trois souhaits. Il reste toutefois que les deux œuvres comportent des différences notables. Celle de Stevens est proche du modèle premier, « Les Souhaits ridicules » (Contes de ma mère l’Oye) de Charles Perrault, tandis que celle de Labat s’en distancie légèrement.

D’abord le narrateur prétend d’entrée de jeu, ironiquement sans doute, qu’il s’apprête à « conter une histoire authentique et véridique ». Fidèle à ce point de départ pseudo-réaliste, il campe son conte de fées comme s’il s’agissait d’un récit vrai ou d’une légende en l’ancrant dans un temps et un lieu précis, « en l’an 1867, sur les bords de la Garonne ». Les personnages sont légèrement différents – moins perdus dans la campagne ou la forêt mythique – chez Labat (des ouvriers) de ceux de Perrault (un bûcheron) et Stevens (des paysans).

Le reste, et donc l’essentiel de ce récit très bref (l’équivalent de deux pages de livre), relève de la plus pure invention et n’a probablement rien d’authentique ou de véridique. Il y a même une certaine incohérence ou une contradiction dans le fait qu’immédiatement après avoir eu l’assurance qu’il pouvait faire trois souhaits, le mauvais homme en fait un qui semble ne pas compter du tout lorsqu’il dit désirer ou souhaiter sacrifier le premier souhait dans le but de faire tomber la fortune et la réputation de son concurrent. Cela devrait compter comme un souhait, ce qui ne serait pas plus ridicule que les trois autres qui suivent et qui ont, eux, de l’effet.

Cela montre qu’il est parfois délicat d’utiliser le discours de parole et de pensée dans ce genre d’œuvre où tout est contaminé par le magique. La logique en prend parfois pour son rhume, ce qui est souvent le cas dans le récit merveilleux imitant des modèles anciens et déjà usés à la fin du XIXe siècle. [MLo]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 106-108.