À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 129
Pagination
15-20
Lieu
Proulxville
Année de parution
1999
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Bérénice a 7 ans et elle est témoin d’une scène horrible : sa grand-mère meurt en se jetant du haut d’un pont. Les deux jours suivants, le fantôme de la défunte vient hanter les nuits de la petite, l’entraînant, elle et sa poupée Marguerite, à l’intérieur du cercueil où repose le cadavre. Bérénice raconte l’expérience ; le discours macabre de l’enfant déclenche un vent de panique chez les parents. On croit la fillette traumatisée par le décès spectaculaire de la grand-mère. Un ami de la famille, Denis, spécialiste des enfants, se chargera d’éclaircir la situation et de fournir les correctifs nécessaires. Le troisième jour, Bérénice sait que sa grand-mère ne reviendra plus. Elle se console en pensant que sa poupée Marguerite, oubliée lors de la dernière visite, lui tiendra compagnie.

Commentaires

Une nouvelle délicieusement angoissante où le non-dit bouscule la vérité et fait déraper le réel dans ses composantes imaginaires. Comme dans tout bon récit fantastique, l’innocence (une enfant de 7 ans) sert de catalyseur à ce grand bouillonnement d’images morbides et de mots interdits qui sème la peur et le doute chez les adultes. L’auteur a bien su doser la « perversion » enfantine sans tomber dans la complaisance hallucinatoire, ce qui est trop souvent le cas dans ce type de nouvelle. Il faut aussi souligner l’humour constant de Nathalie Loignon qui met en relief le regard aigu de l’enfance, sa faculté de percer à travers les mensonges des « grands » pour atteindre l’essentiel : la peur, la solitude, la sexualité et la mort.

Contrairement au film Le Sixième Sens qui aborde jusqu’à un certain point le même thème, il n’y a pas ici récupération du paranormal dans un ordre pratique : écouter les morts pour agir dans le monde des vivants. Chez Nathalie Loignon, le paranormal est une fenêtre sur l’inconscient ; il parle de lourds secrets et de mots étouffés, plaintes et pleurs refoulés qui sont tirés des abîmes intérieurs pour être ramenés en pleine lumière. Autant la parole des morts dans Le Sixième Sens est une parole qui n’en finit plus de mourir et qui exige réparation d’un tort ou d’une faute pour s’éteindre, autant celle du « Troisième jour » est vivante, ambiguë et dérangeante. La peur n’est plus alors la confrontation de la vie et de la mort mais le choc produit par le silence qui devient parole. C’est ce qui fait toute la richesse de cette nouvelle où même les morts ont besoin de compagnie. [ML]

  • Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 103.