À propos de cette édition

Éditeur
Vermillon
Titre et numéro de la collection
Marie-Louve - 2
Genre
Fantastique
Longueur
Novelette
Format
Livre
Pagination
124
Lieu
Ottawa
Année de parution
1994
ISBN
9781895873092
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

Ovide, roi du petit royaume de Chanterelles, est mort au moment même où sa fille Opaline donnait naissance à des jumeaux. Tandis qu’Ovide est inhumé, les garçons reçoivent les noms d’Olivier et Damien. La fée Émeraude se présente bientôt au château pour remettre une baguette sertie d’une émeraude qui a le pouvoir de calmer la trop grande agitation d’un bébé. La sorcière Séléna arrive ensuite pour faire cadeau d’une pomme d’or à chacun des jumeaux.

La belle-sœur d’Opaline, Marie-Louve, est une jeune femme qui n’a pas froid aux yeux et qui a déjà quelques exploits à son actif. Elle décide de rendre visite à Séléna afin d’en savoir plus long sur ces mystérieux cadeaux. La sorcière lui apprend que, tout comme Émeraude, elle est la fille d’un esprit du mal, Iblis. Iblis a donné à ses filles des corps pour préparer sa vengeance et il abat Séléna aussitôt Marie-Louve partie parce que la sorcière en a trop dit.

Quand Marie-Louve revient le lendemain avec les pommes d’or, elle découvre le corps inanimé de Séléna. En fouillant dans les affaires de la sorcière, elle déniche plusieurs secrets qui lui seront utiles pour sa mission auprès de la fée Émeraude, qui retient prisonnier le chevalier Guy le Maudit parce qu’elle l’aime. Marie-Louve se sert de cet amour pour convaincre Émeraude de trahir son père et de libérer Guy, le seul qui peut combattre et défaire Iblis.

Ils reviennent ainsi au château pour préparer l’affrontement final avec Iblis, qui tentera de s’incarner dès la prochaine pleine lune en possédant le corps du petit Damien, qu’il a enlevé au lendemain de sa naissance et à qui il a substitué un lutin. Marie-Louve déjoue cependant cette substitution et le chevalier Guy attend de pied ferme Iblis dans la salle du trône. Toutefois, pour détruire complètement l’esprit du mal, Guy doit se résigner à le voir entraîner dans le néant ses deux filles. Chassée du monde des mortels, Émeraude essaie néanmoins d’envoûter Marie-Louve afin de rester auprès de Guy, mais le sortilège échoue, car Guy aime désormais la jolie Marie-Louve.

Commentaires

Le « conte fantastique » de Nancy Vickers est de fait plus proche du merveilleux traditionnel que de la fantasy moderne. Les personnages sont tirés du folklore : roi et reine, princesse et chevalier, démon et lutin, fée et sorcière… De même, les péripéties obéissent souvent aux règles arbitraires typiques des contes de fées. L’explication des recettes ou procédures à suivre pour déjouer les magies des bonnes ou mauvaises fées est parfois laborieuse. L’absence de logique ne contentera pas le lecteur adulte, mais elle dérangera moins les jeunes lecteurs à qui s’adresse cette aventure.

L’intrigue est brouillonne. Les complications du récit sont fréquemment résolues par d’autres complications. L’inversion de la substitution de Damien et du lutin, par exemple, est particulièrement désinvolte : jeter le faux Damien dans l’âtre entraîne la fuite du lutin par la cheminée et l’apparition du vrai à la porte de la maison. Ce qui n’était pas dit et arrive pourtant, c’est que le lutin va aussi occuper la place du bébé enlevé et donner lieu à une première déconvenue d’Iblis.

D’ailleurs, pour bien exposer les tenants et aboutissants de l’histoire, Vickers consacre presque tout le troisième chapitre à l’élucidation des projets d’Iblis et à l’identification des personnages. Du coup, l’action ne démarre vraiment qu’au sixième chapitre. Comme on pouvait s’y attendre, elle aboutit à la déconfiture d’Iblis. Ce qui est moins commun, c’est qu’elle entraîne le châtiment des filles d’Iblis, pourtant moins coupables que leur père.

Ce dénouement mi-figue mi-raisin ainsi que le rôle principal attribué à Marie-Louve constituent les principales entorses de Vickers aux conventions du conte traditionnel. Les mensonges et les faux-semblants des uns et des autres m’ont aussi semblé jouer un plus grand rôle dans l’intrigue que dans les contes de fées du folklore. La rouerie n’était jamais exclue de ces récits, mais les astuces des personnages étaient plus variées.

La langue est familière, plus que dans un conte comme La Lecture du diable de Reynald Cantin, mais cela pourrait correspondre à la volonté de l’écrivaine de moderniser la narration. Le lecteur averti sera aussi sensible à des allusions qui risquent de le faire décrocher. Ainsi, donner le nom de Damien au bébé menacé d’abriter l’âme d’un démon relève soit du clin d’œil à la série de films The Omen, soit de l’inadvertance malheureuse.

L’ensemble reste une aventure de bonne tenue, illustrée de belle façon par les dessins à l’encre de Lon-Wei Lee. [JLT]

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 192-193.

Références

  • Meynard, Yves, Lurelu, vol. 18, n˚ 1, p. 39.