À propos de cette édition

Éditeur
Logiques
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Noëls, autos et cantiques
Pagination
155-179
Lieu
Montréal
Année de parution
1995
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Patron d’une agence de publicité, Gilbert Trudeau a réussi sa vie professionnelle mais la mort récente de sa femme n’a fait qu’accentuer son égocentrisme, sa cupidité et sa solitude. Retiré dans son condo en cette soirée du 24 décembre, il tente de déjouer son ennui en regardant un vieux film de Frank Capra. Il se voit bientôt à l’écran en tant que protagoniste de ce film, puis il apparaît en deux dimensions en noir et blanc dans une bande dessinée et, enfin, comme acteur unique sur le plateau de tournage de son propre film. Que veut-il faire de sa vie ?

Commentaires

Comme le suggère le titre, Claude Daigneault s’inspire de Scrooge, personnage central du conte « A Christmas Carol ». Il met en scène un patron arriviste d’une agence de publicité qui méprise ses concurrents et qui agit sans ménagement et considération pour ses employés. En outre, il a acculé son frère à l’exil au Manitoba en exigeant le remboursement d’un prêt investi dans une compagnie qui a fait faillite. Gilbert Trudeau a un cœur endurci, il est cynique et sans conscience sociale.

Cependant, l’auteur ne se contente pas de modeler son personnage sur l’archétype dickensien tout en l’actualisant, il le projette dans It’s A Wonderful Live, le film de Frank Capra, puis dans la BD Peanuts de Charles M. Schulz. Dans chaque situation, Gilbert déverse son cynisme en tournant en ridicule les bons sentiments et l’optimisme que ces deux créateurs distillent. Et pour compléter le tableau, il est plongé dans le propre film de sa vie (intitulé Le Réfugié) et est confronté au fantôme de sa femme Marie, décédée deux ans plus tôt d’un cancer du poumon (la maudite cigarette, évidemment), réincarnée en une Marilyn Monroe sortie de The Seven-Year Itch.

L’histoire, intéressante au début, dérape malheureusement de plus en plus à mesure que le protagoniste passe d’un univers à l’autre. Son comportement asocial est souligné à gros traits à travers des références à la culture cinématographique de l’auteur. En outre, sa dernière incarnation dans le film dont il est la vedette et le scénariste évoque de nombreux thèmes périphériques (dénonciation du junk food, critique de la société de consommation, satire du mauvais goût, omniprésence de la publicité) qui s’éloignent de l’essence de la nouvelle : le cynisme et la course à l’argent.

Le conte de Daigneault ne se distingue pas par sa subtilité et sa maîtrise narrative. L’auteur ne prétend cependant pas réinventer le genre, de sorte que tel qu’attendu, la conclusion consacre la rédemption du héros désormais sensible aux autres. Comme Capra, Daigneault veut croire en la bonté et la générosité de la nature humaine. Ce que la magie de la nuit de Noël peut faire, tout de même ! [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 65-66.