À propos de cette édition

Éditeur
Lidec
Titre et numéro de la série
Unipax
Titre et numéro de la collection
Lidec-Aventures - 107
Genre
Science-fiction
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
151
Lieu
Montréal
Année de parution
1968
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Des sénateurs et des membres de l’état-major étatsuniens manœuvrent en secret pour que leur pays, tirant avantage d’une nouvelle bombe nucléaire sans retombées, passe à l’offensive et s’établisse une fois pour toutes comme unique puissance mondiale. Une petite équipe d’espions d’Unipax a observé l’une de leurs réunions sur une propriété en Virginie. Traqués, traînant des blessés, ces agents d’Unipax tentent de rejoindre en voiture la frontière canado-américaine.

Servax, sa conjointe et adjointe RedArrow et leurs aides parviennent à les rescaper à un poste frontière, ne faisant usage que de leur fameux gaz soporifique qui cause l’amnésie. Les renseignements collectés révèlent un complot d’envergure : armée privée de dix mille hommes, complicités à la CIA, infiltration des sites de missiles et de production des bombes. Le général Simpson, les sénateurs Minden, Barclay et Ericksen comptent s’emparer du pouvoir, rien de moins.

Servax, sous son identité d’armateur chilien Paul Arrhens, parvient à gagner la confiance d’un sénateur intègre, Blakeney, et le met au fait du complot. Simultanément, un général loyal, Keller, qu’on avait vainement tenté d’intéresser à la conspiration, fait part de ses soupçons au même sénateur. Convaincu, celui-ci accepte d’acheminer au président un lourd dossier de preuves constitué par Servax et ses compagnons.

Commentaires

Il s’agit certes de l’intrigue la plus soutenue que j’aie eu à lire pour cet ouvrage, parmi la quinzaine de romans pour jeunes publiés chez Lidec entre 1966 et 1968. Sans concession pour la jeunesse de ses lecteurs, Gagnon met en place une galerie de personnages secondaires et de figurants dont il serait vain de vouloir mémoriser les noms. Le scénario est sensiblement plus complexe et réaliste que ceux, manichéistes, proposés par Yves Thériault dans sa série Volpek dans la même collection. Prophétiquement, Gagnon met d’ailleurs dans la bouche de l’un de ses sénateurs séditieux cette phrase : « Le moment n’est-il pas venu pour les États-Unis de secouer ce joug [celui d’une paix mondiale basée sur l’équilibre], d’assumer dans le monde la seule place qui lui convienne : la première de toutes, incontestée, incontestable. » (p. 9) Lire cela donne froid dans le dos, à l’époque où la junte Bush-Cheney-Rumsfeld-Wolfowitz est au pouvoir au sud du 49e.

Là s’arrête l’éphémère don de voyant de Maurice Gagnon. Dans le mi-vingt et unième siècle qu’il met en scène, l’humanité a déjà traversé quatre guerres mondiales et est dominée par cinq blocs d’égale puissance : l’américain, l’européen, le soviétique, l’asiatique et l’africain. C’est une époque où il n’y a toujours pas de télécommandes pour les portes de garage, pas d’aides informatiques au pilotage et à la navigation, une époque où l’on communique encore par télex et par T.S.F. (on s’étonne que l’auteur ait employé ce dernier terme, déjà désuet dans les années soixante).

Ce qui sauve cet écrivain-ci de la dérision et du sarcasme (aux yeux d’un lecteur de 2006), c’est que cela a été fait avec sérieux, écrit avec soin. Reste alors l’intérêt anthropologique de certaines images : RedArrow vouvoie son mari, on fume le cigare dans une chambre d’hôpital (et dans un roman pour jeunes !). Et puis, lorsque le critique est lui-même auteur de SF, une saine humilité s’impose : qui sait avec quels éclats de rire seront lues ses extrapolations techniques à lui, si même on a encore l’occasion de les lire dans trente-cinq ans ?

Et on note, petit roman après petit roman, le goût qu’avait Maurice Gagnon pour les dialogues méticuleux, un peu précieux, évoquant à l’occasion ceux d’un Maurice Leblanc. Manifestement, Gagnon préférait la phrase bien tournée à celle qui sonnait vrai. Les jeunes lecteurs de 1968 ne s’en trouvaient que mieux servis. [DS]

  • Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 94-95.

Références