À propos de cette édition

Éditeur
XYZ
Titre et numéro de la collection
L'Ère nouvelle - 3
Genre
Hybride
Longueur
Recueil
Format
Livre
Pagination
110
Lieu
Montréal
Année de parution
1989
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Commentaires

Un recueil de Désy, c’est comme une bouffée de vie. La vie, semble-t-il nous dire à travers ses textes, n’est monotone que pour ceux et celles qui le veulent bien. C’est peut-être ce pouvoir imaginatif qui fait qu’on ne s’en­nuie jamais en lisant Désy même si, ici et là, des longueurs flânent, des rythmes boitent.

Jean Désy ne publie pas depuis assez longtemps pour qu’on puisse le cerner facilement, surtout qu’il semble être un touche-à-tout de l’écriture, ayant publié une chronique réaliste, un recueil de poésie, des histoires fantastiques, de l’hor­reur, de l’humour, etc., que sa maîtrise en création littéraire s’intitule « La Rêverie du froid » et que sa thèse de doctorat tentera de marier le roman au journal d’écriture. Voilà un auteur éclectique ou je ne m’y connais pas !

Dans « Un dernier cadeau pour Cornélia », l’auteur privilégie avant tout le fantastique puisque cinq nouvelles sur les six que compte le recueil font partie de ce genre. Malgré cela, on ne peut dire qu’il y a une véritable homogénéité. Les sous-genres abondent : l’horreur dans « Le Buck » et « La Fleur que tu m’avais jetée », l’humour bon enfant dans « Histoire d’oignons qui faisaient pleurer » et l’humour noir dans la nouvelle éponyme. Quant à la nouvelle qui ouvre le recueil, « Une heure dans la vie de quelqu’un », c’est un texte réaliste mais sur l’univers carcéral que doivent subir les "fous".

Éclectisme, donc, qui permet cependant de reconnaître les qualités de l’auteur – vitalité, joie de vivre, exubérance de l’imaginaire, simplicité de l’écriture – et ses défauts – longueurs, sonorité hachée, surenchère.

Dans une autre recension, je mentionnais que Désy me rappelait entre autres Jean Ray. Dans ce recueil, la ressemblance avec l’auteur des Contes du whisky est encore plus frappante. Même vivacité, même cynisme, même façon de cligner de l’œil au lecteur en lui disant « Embarque, la vie et ses sortilèges nous attendent ».

Autre trait de ressemblance, son manque de fignolage. Comme Jean Ray, Jean Désy ne prend pas toujours la peine de retravailler au maximum ses textes. Quelquefois, il y aura des longueurs – « Histoires d’oignons… » – ou la fin sera connue du lecteur bien avant la dernière page – voir la recension de Denis Côté à propos de La Fleur que tu m’avais jetée ». Négligence de l’auteur ? Je ne pense pas. Plutôt le syndrome de l’écrivain à la plume rapide et à l’imaginaire tellement foisonnant qu’il se sent obligé de produire, encore et encore, quitte à laisser pendre quelques fils blancs. Croyez-moi, là-dessus, je sais de quoi je parle !

Pourtant, une chose m’agace encore plus chez Désy. Toujours, j’ai l’impression que ses histoires sont "grosses", c’est-à-dire qu’elles manquent de nuances. Et quand l’auteur s’y met, je trouve le résultat plus que moyen. Ainsi, la seule nouvelle inédite du recueil. Dans ce texte, Désy tente de nous amener sur les ailes d’une subtilité, d’une apparition qui perturbe le prota­goniste. Or, pas une fois l’émotion ne m’a atteint, moi qui pourtant adore les Variations Goldberg interprétées par l’inénarrable Gould. Je soupçonne le choix des mots, le rythme des phrases d’être à l’origine de cette incom­patibilité. À trop vouloir la simplicité, l’auteur se couperait-il de tout un continent d’émotions et de nuances ?

Malgré tout, ce recueil reste à lire. La somme des qualités de l’auteur, tout comme chez Jean Ray, dépasse de loin celle de ses défauts. Et comme le maître du Fulmar, Désy saura bien nous donner avec le temps quelques chefs-d’œuvre. [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 78-80.

Références

  • Bélil, Michel, imagine… 51, p. 93-94.
  • Boivin, Aurélien, Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec VIII, p. 908-910.
  • Gervais, Jean-Philippe, Solaris 92, p. 19.