À propos de cette édition

Éditeur
Médiaspaul
Titre et numéro de la série
Les Saisons de Nigelle - 2
Titre et numéro de la collection
Jeunesse-pop - 120
Genre
Science-fiction
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
146
Lieu
Montréal
Année de parution
1997
ISBN
9782894200865
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Thibaut d’Amilly, un jeune noble vivant à la fin du Moyen Âge, est prisonnier d’une cellule du château de Nigelle, condamné à mort pour le meurtre de son frère Roger. Pendant qu’il attend son châtiment, lui apparaissent comme par magie Sébastien et Nathalie Madiot, accompagnés de leur ami Danny Jouvenel. Les trois visiteurs révèlent à Thibaut l’étonnante vérité : son vrai nom est Ahmed, le monde moyenâgeux qui l’entoure n’est pas réel, il s’agit d’une reconstitution informatique sophistiquée, l’informonde. Pourtant, Ahmed est incapable de les croire. Prisonnier de la simulation, il croit vraiment qu’il est Thibaut et attend avec fatalisme le matin et la perspective de la décapitation.

De retour dans le monde réel – Nigelle, toujours, mais telle que la petite ville française se présente au 21e siècle –, les trois amis cherchent à comprendre comment Ahmed a pu se retrouver prisonnier de pareille façon dans l’informonde. Que va-t-il se passer vraiment lorsque Thibaut sera décapité ? Ahmed sera-t-il libéré de la simulation, ou bien est-il à ce point convaincu de sa nouvelle identité qu’il risque d’en mourir réellement ?

C’est donc sur deux plans de la réalité – le monde réel et l’informonde – que les détectives amateurs se mettront en piste. Afin de gagner du temps, Sébastien retournera au « Moyen Âge » pour assassiner le bourreau chargé d’exécuter la sentence de Thibaut. De leur côté, Nathalie et Danny tenteront de contacter Fahrid Mekbel, le frère d’Ahmed, qui habite justement à Nigelle, à quelques kilomètres de la maison de leur oncle. Sébastien réussira sa mission, mais ce n’est pas sans mal qu’il parviendra à échapper aux gardes lancés à sa poursuite. Quant à Nathalie et Danny, ils réussiront à contacter Fahrid – mais ce dernier est-il la bonne personne à qui se confier ? Les trois amis découvriront que Fahrid s’intéresse d’un peu trop près au supposé trésor des Templiers. Serait-il vraiment capable de tuer son propre frère pour se le procurer ?

Commentaires

Jean-Louis Trudel est un écrivain qui flirte volontiers avec le formalisme. C’est évident lorsqu’on survole ses nouvelles, surtout celles qu’il a publiées en collaboration avec Yves Meynard sous le symbionyme de Laurent McAllister. On y trouve abondance de jeux littéraires et formels : des œuvres bilingues, de faux articles, des mondes aux réalités flottantes ou distordues. Jusqu’à présent, son abondante œuvre pour jeunes, essentiellement publiée dans la collection Jeunesse-pop des éditions Médiaspaul, s’est avérée plus classique. Or son goût du jeu formel transparaît maintenant aussi dans son œuvre pour adolescents avec une série intitulée les Saisons de Nigelle.

L’idée de base est intéressante : il s’agit d’une série de quatre romans, chacun se déroulant au cours d’une saison différente, tous situés dans la même petite ville de France, Nigelle (incarnation romanesque de Nogent-le-Rotrou, une petite ville au sud-ouest de Paris). Ce qui rend ce projet beaucoup plus intrigant, c’est que chacun de ses romans, en plus d’explorer une saison, explore un genre différent, soit la science-fiction, le mystère, le fantastique et le fantastique épique (fantasy). Et ici, en dépit d’une illustration de couverture typiquement moyenâgeuse, Un été à Nigelle est le roman consacré à la science-fiction : encore une astuce de l’auteur pour brouiller les cartes, n’en doutons pas.

Il s’agit donc d’un concept original et amusant. Mais un concept ne suffit certainement pas à faire une œuvre réussie, du moins quand on lit pour son plaisir. Qu’en est-il du résultat ? Eh bien, reconnaissons qu’Un été à Nigelle est un des meilleurs romans pour jeunes que Jean-Louis Trudel a publiés. L’écriture est précise, la construction est solide, l’intérêt est constant. L’intrigue n’est certes pas neuve – devenir prisonnier d’un monde informatique est une situation qui tient du cliché, voire même une plaie en SF médiatique – mais la logique et la rigueur de Trudel revitalisent le poncif. De la même façon, ses descriptions de la France du 21e siècle et du faux Moyen Âge sont crédibles, des détails savoureux émaillent chaque description, surtout en ce qui concerne l’informonde. Trudel rappelle avec un sourire en coin que personne ne voudrait visiter un Moyen Âge trop réaliste, où les gens auraient les dents cariées, sentiraient mauvais et s’exprimeraient en un patois incompréhensible.

Mes réserves sont mineures. Je me demande à quel point les jeunes lecteurs d’aujourd’hui se sentiront concernés par l’histoire des Templiers, surtout si, comme je le soupçonne, ce substrat historique constitue un fil conducteur dans les quatre romans de la série. De ce point de vue, la discussion des pages 112 à 122 est trop longue : 10 pages sur 146 ! On constate que Trudel s’est en fait plus intéressé au Moyen Âge qu’au futur dans ce roman – l’élément de SF servant presque de toile de fond. Toujours dans le cadre d’un récit de science-fiction, on peut aussi regretter que Trudel ne nous ait pas offert quelque chose de plus novateur, de plus science-fictionnel justement, qu’une vulgaire soif d’or comme mobile pour les crimes de Fahrid.

Je répète, ce sont des réserves mineures, très mineures. Un été à Nigelle est un roman de science-fiction pour jeunes instructif et palpitant à souhait. On aimerait lire plus de romans jeunesse de cette qualité. [JC]

  • Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 177-178.

Références

  • Martin, Christian, Temps Tôt 45, p. 53-54.
  • Spehner, Laurine, Lurelu, vol. 20, n˚ 2, p. 35.