Un mélange dangereux

Durant un trip d’acide, le narrateur est mené (par un ami à l’allure batracienne) jusqu’à une église faite de vieilles pierres. Un prêtre y dirige les prières d’une assemblée de fidèles verdâtres. Voulant fuir les appels à Yog-Sothoth, le narrateur tombe dans un vide interstitiel, dont il s’échappera de justesse. Le surlendemain, redevenu sobre, il se rendra compte qu’un mauvais plaisant avait mis « du Lovecraft dans [son] acide ».

Fragment de la mosaïque de contes courts que Norbert Spehner présenta dans le numéro 13 de Requiem, « Un mélange dangereux » se voulait un bref coup de chapeau au Rêveur de Providence. Un Cthulhu sinistre à souhait occupait d’ailleurs la couverture du fanzine. Le texte ne pouvait fonctionner que dans ce registre. L’improbable lecteur vierge de tout contact avec Lovecraft n’aurait pas saisi les allusions ou les emprunts. Mais tout le lectorat du fanzine se nourrissait d’une diète « riche en Lovecraft », de sorte que la brève incursion dans une Innsmouth hallucinée et la vision fugitive de tentacules menaçants furent sûrement appréciées puis, tout aussi probablement, vite oubliées. [DS]

• Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 400-401.