À propos de cette édition

Éditeur
Le Méridien
Genre
Science-fiction
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
284
Lieu
Montréal
Année de parution
1985
Support
Papier

Résumé/Sommaire

La reine Dinale IV invite Les Cinq Cœurs 1/4, groupe de musique regroupant des jeunes de Montréal se servant d'anciens instruments du XXe siècle, à aller donner une tournée de concerts pour le couronnement de son fils Digam VII. Les six membres du groupe préparent fébrilement leur voyage sur Vania, la Planète Sèche. Les Vaniens, peuple humanoïde télépathe très doux, vivent sans technologie et échangent aux Quilors le trinate, un minerai fort rare et précieux servant de combustible pour les fusées, contre l'eau dont ils ont besoin. Le séjour sur Vania sera plein de rebondissements. Chaque membre du groupe, en secret, s'est vu assigner une mission secrète afin d'aider la Terre à percer certain secret nécessaire à sa survie. De plus, à leur arrivée, le futur roi a été assassiné sans que personne ne sache qui a caché la bombe fatale. C'est sa fille qui sera couronnée. Voyageant en charrette, les jeunes terriens apprennent à mieux connaître cette planète exotique et se trouvent mêlés à des aventures et des découvertes multiples : Paulo découvre le secret des sources, Mariveonne franchit un gouffre pour sauver la future reine, Éric brave les Quilors au péril de sa vie, Johanne se démène pour trouver du secours pour la princesse et ses amis, Yves montre sa mansuétude en se portant au secours de celui qu'il croyait être un Quilor, et Gérard réussit à démasquer le complot de ces derniers et des faux Maîtres-de-l'eau, tout en sauvant la Terre d'un conflit planétaire.

Commentaires

Suzanne Martel n'est plus à présenter et sa contribution à la littérature de jeunesse québécoise et plus spécifiquement à la science-fiction pour jeunes est évidente pour quiconque a un tant soit peu creusé ces domaines. J'ai donc abordé ce nouveau livre avec un préjugé favorable, préjugé qui, malheureusement, n'a pas tardé à fondre au fil des pages.

Non pas que Un orchestre dans l'espace soit un mauvais livre. Au contraire, le talent de conteuse de Suzanne Martel reste intact et sa prose possède encore toutes les qualités qui, à l'époque, lui avaient permis de remporter de si nombreux prix. Non, là ou le bât blesse, c'est dans l'élaboration des personnages et de l'intrigue même. Car s'il s'agit bien d'une histoire de science-fiction classique avec ses intrigues planétaires, ses voyages spatiaux et ses planètes exotiques, on ne peut s'empêcher de se demander que font là-dedans tous ces caractères passéistes, dépassés, ramenant à la vie une jeunesse oubliée, plus proche des années quarante ou cinquante que de l'époque actuelle.

Comment, en 1985, à l'heure des vidéo-clips et des micro-ordinateurs, peut-on proposer à de jeunes lecteurs, noyés sous l'avalanche d'informations des multi-médias, des personnages aussi naïfs, aussi enfantins et stéréotypés, si peu en relation avec leur vécu de tous les jours ? Comment ne pas décrocher devant la fadeur de leurs intérêts, le ridicule de leurs actions ? Tout, depuis le nom de la formation musicale jusqu'aux petites manies qui caractérisent certains personnages, renvoient à un modèle de jeunesse disparu depuis des années.

Que ces propos ne portent pas à confusion. Je ne discute pas des goûts : il y a encore des scouts en 1985, des garçons qui chahutent, des filles qui écrivent leur journal intime et rêvent de princes charmants, et c'est très bien. Là où je suis en désaccord, c'est quand l'auteur reprend ce genre de stéréotypes et les érige en système absolu. Il est impossible de croire à la prépondérance de ces mentalités dans le futur décrit par Suzanne Martel.

La science-fiction, dans Un orchestre dans l'espace, malgré sa prépondérance et son importance, n'est tout au plus qu'un décor servant à masquer un roman sur une époque révolue. Celle, peut-être, de la jeunesse de Suzanne Martel, où la naïveté de l'enfance s'avançait fort loin dans l'adolescence, retardant l'entrée dans le monde adulte et ses réalités.

Si ce livre avait paru à l'époque de Quatre montréalais en l'an 3000, cette critique aurait été très différente. Mais nous faisons ici la rencension des parutions de 1985, et les jeunes qui liront ce livre n'ont pas connu les années soixante. Encore moins les précédentes ! [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1985, Le Passeur, p. 77-79.

Références

  • Lortie, Alain, Solaris 66, p. 31-32.
  • Plaisance, Gilbert, Lurelu, vol. 9, n˚ 2, p. 23.
  • Séguin, Claire, Des livres et des jeunes 26, p. 46.