À propos de cette édition

Éditeur
L'Événement
Genre
Fantasy
Longueur
Nouvelle
Paru dans
L'Événement, vol. XVII, n˚ 76
Pagination
4
Lieu
Québec
Date de parution
16 août 1883

Résumé/Sommaire

En 1759, en pleine invasion anglaise, des Micmacs de la paroisse Sainte-Anne-de-la-Pocatière craignent de se faire massacrer par l’armée britannique qui marche vers eux. Ils parviennent à dénicher une caverne dans la Montagne du Collège, où ils se cachent. Mais au bout de quelques jours, ils commencent à avoir faim et « invoquent le Grand Manitou, le Petit Manitou et enfin tous les manitous de l’univers », mais rien n’y fait, car « ces dieux restent sourds à leurs supplications ».

Ils veulent alors se rendre à l’Anglais, mais survient un événement formidable qui vient changer radicalement le cours des événements : l’apparition, au milieu de grands bruits, d’une vieille fée munie d’une baguette magique ; elle les rassure et leur fait don de sa baguette, grâce à laquelle les Micmacs pourront obtenir tout ce qu’ils veulent chaque fois qu’ils frapperont le rocher. La narration fait alors laconiquement état de l’éloignement des troupes anglaises et de la paix revenue pour les Micmacs. Le narrateur conclut en disant que cette histoire lui vient d’« un bon vieux du temps passé », mais qu’il ne peut en garantir l’authenticité.

Commentaires

Voilà bien un véritable conte de fées, transposé par un auteur canadien-français dans la société amérindienne, elle-même aux prises avec les Anglais qui cherchent à la détruire. Ce qui étonne ici, c’est le choix de la source du magique. L’auteur, Charles-Edmond Rouleau, aurait pu faire fonctionner le pouvoir magique de l’un ou l’autre des manitous amérindiens, mais le discours insiste lourdement sur l’échec des supplications à cet effet. On aurait pu s’attendre à ce que ce soit une créature divine qui intervienne, ce qui aurait inscrit le texte dans la dynamique du merveilleux chrétien, fort important à l’époque.

Au contraire, l’élément surnaturel choisi provient d’un imaginaire vaguement celtique, avec sa fée protectrice surnaturelle d’un lieu naturel. Pourquoi ce choix ? Il était sans doute fort inconscient, mais il faut nous rappeler que nous sommes ici en présence d’un texte qui évoque une époque de combat, celle de la Conquête – de la Défaite de 1759 en fait –, et que les forces en présence combattent véritablement entre elles.

Les forces de la destruction – les Anglais –, dans les limites de ce conte, sont finalement vaincues non par les Indiens, ni par les Canadiens, ni par leurs dieux tutélaires respectifs, mais par une bonne vieille fée de type celtique, cette dernière et sa baguette magique prenant le pas sur toute autre force en présence. [MLo]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 172-173.