À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 73
Pagination
14-20
Lieu
Hull
Année de parution
1987
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Pierrot s’est inventé un jeu : la découverte d’autrui par effraction. Ce jour-là, il s’introduit dans la chambre de Phil mais n’y trouve aucun article monnayable et aucune particularité intéressante sur la personnalité du locataire. Il est intrigué toutefois par une porte sans serrure qu’il parvient finalement à ouvrir. Elle donne sur une pièce située dans une autre dimension, à une autre époque. Une femme lui demande son aide.

Commentaires

Plusieurs écrivains ont exploité le thème de la guerre dans le temps sur le mode épique ou uchronique mais ici, Jean Dion le traite de façon quotidienne. La nature de son personnage principal et la dimension restreinte de l’altération temporelle qu’il produit contribuent à mettre en valeur cette volonté évidente de ne pas jouer la carte du spectaculaire.

D’une part, la mission confiée à Pierrot n’exige aucune prouesse, étant à la portée de tous. Ce marginal qui s’est organisé un petit univers est dérangé par un autre monde plus vaste, aux enjeux plus importants, mais il ne sort pas vraiment transformé de l’aventure. Il en conserve quelque chose, un souvenir, mais sans plus. Seul un réseau de hasards fait qu’il se trouve pris bien malgré lui dans une guerre de l’ombre. Chez Dion, le hasard oriente souvent le destin de ses personnages.

D’autre part, les résultats de cette guerre demeurent secrets et ne débouchent apparemment pas sur des changements historiques. On peut soupçonner l’auteur d’avoir choisi l’année 1922 parce qu’elle ne renvoie à aucun événement politique mondial d’importance, à tout le moins dans notre segment temporel.

« Une chambre à l’ouest » pose aussi un regard désabusé sur la société. Cette nouvelle, très centrée sur un individu, brosse le portrait d’une certaine jeunesse occupée à assurer sa survie personnelle ce qui, dans les circonstances, constitue un sain égocentrisme. La perspective sociologique de cette classe est appuyée par un romantisme urbain très fort, qui fait de l’auteur un poète de la ville. Il a une vision très immédiate du territoire restreint et rigoureusement défini sur lequel se déplace son personnage. Ce souci se traduit particulièrement dans la première partie de la nouvelle par une attention aux détails et au décor de façon à établir une ambiance. L’action est minimale mais il fait parler les objets dans cette partie très descriptive.

La précision de l’écriture et la maîtrise de la structure narrative attestent que Jean Dion peut maintenant écrire n’importe quel genre de textes. [RB]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 76-77.

Prix et mentions

Prix Boréal 1987 ex æquo (Meilleure nouvelle)