À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
En 1996, le Parti de la Libre-Puissance du Corps est au pouvoir, et les enfants, les Féminiens, sont tous conçus in vitro à l’Institut de l’Épanouissement Ultime. Les femmes sont stérilisées alors que le Québec vote des lois eugénistes au nom de la libération de la femme, suivi en cela par la communauté internationale. Une tare génétique a tôt fait d’éliminer la première génération de Féminiens, et la société s’effondre.
Commentaires
ÇA, oui, ÇA, c’est ce qui fait que la science-fiction a une si mauvaise réputation auprès d’une (encore trop grande) fraction de l’intelligentsia de ce monde. Enfin, bon, quand je dis ÇA, il faut le prendre au sens large, hein. ÇA, c’est la nouvelle de Raymond Godard. Je doute que la plupart des Sorbonnards n’aient jamais entendu parler de Raymond Godard. Alors oui, j’exagère un peu. N’empêche, c’est mauvais. Très mauvais. ÇA a pourtant été publié dans une revue de médecine, sérieuse qui plus est. Avec un lectorat majoritairement en provenance du secteur de la santé (on s’en doute…).
Et on se demande pourquoi la SF, après ÇA, a eu si mauvaise presse pendant si longtemps.
Les prémisses sont complètement connes, un brin fachos et très machistes (non sérieux, tu penses vraiment qu’en moins de vingt ans, la société se serait transformée aussi radicalement, et que tout le globe se serait doté d’un cadre légiférant l’eugénisme ?!?). C’est très mal écrit, très mal ficelé ; les phrases sont labyrinthiques et d’une syntaxe, disons (pour être poli), inventive. L’auteur nous remâche un vieux ramassis de clichés, plogue au passage Le Meilleur des mondes avant de nous balancer des propos alarmants quant à ce qu’il pense de l’émancipation de la femme. On tartine ensuite abondamment de « valeurs » pro-vie, pour finir avec un glaçage à l’abortion-bashing, on ajoute une finale catastrophiste et on obtient… ÇA. Édifiant.
En même temps, ÇA nous montre le chemin parcouru en matière de luttes féministes. Enfin, je suppose.
Mais en réalité, je suis persuadé que le but de l’exercice était plus subtil et mesquin, et tenait justement de la volonté du comité rédactionnel de la revue de discréditer la SF en publiant ce qu’elle a de plus mauvais. Bah oui, de cette façon, leurs lecteurs sérieux ne se seraient jamais rendus jusqu’au bout de ÇA, ternissant un peu plus l’image de la SF…
Y a-t-il des amateurs de conspiration dans la salle ? [MRG]
- Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 227-228.
