À propos de cette édition

Éditeur
G. E. Desbarats
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
L'Opinion publique, vol. X, n˚ 35
Pagination
412-413
Lieu
Montréal
Date de parution
28 août 1879

Résumé/Sommaire

Jean Plante, un meunier de l’île d’Orléans porté sur la boisson, et son frère Thomas éconduisent un quêteux venu demander l’aumône. Alors le quêteux jette un sort sur le moulin qui arrête de fonctionner à l’instant. Incapable de trouver une explication à cet arrêt subit, Jean s’emporte contre son frère qui profère une menace à son endroit. Au cours des nuits suivantes, Jean Plante, resté seul au moulin, doit affronter des esprits tapageurs. Une nuit, un grand loup pénètre dans sa chambre. Effrayé, Jean lui tranche un bout de l’oreille droite avec sa faux. Se rendant compte qu’il s’agit de son frère transformé en loup-garou, il sombre dans la folie.

Commentaires

Ce conte de Wenceslas-Eugène Dick, qui passe pour un classique, me laisse sceptique à plusieurs égards. D’abord, on ne comprend pas très bien le lien que l’auteur veut établir entre le quêteux jeteur de sorts et la transformation de Thomas en loup-garou. En fait, ces deux éléments du récit ne ressortissent pas à une même attitude de sorte que Dick a tort de laisser croire que l’un procède de l’autre.

En outre, le thème du loup-garou n’est pas introduit par des indices de sorte que son intrusion dans le récit apparaît un peu gratuite. Mais ce thème demeure malgré tout secondaire et n’est traité que par incidence. Le véritable sujet du conte est l’ivrognerie et sa condamnation. Jean Plante, alcoolique et incroyant, devient fou tandis que Thomas, le loup-garou, est délivré de son sort.

Il est intéressant de comparer ce texte à celui de Pamphile LeMay, « Un loup-garou », qui date de 1896, soit dix-sept ans plus tard. Le conte de LeMay est beaucoup plus explicite sur le plan religieux. On est encore loin cependant du traitement qu’en font les fantastiqueurs d’aujourd’hui qui mettent en lumière la pulsion sexuelle latente contenue dans la métamorphose de l’homme en loup-garou. Chez les conteurs du XIXe siècle, le côté primaire de l’animalité se réduit à la régression vers une forme plus primitive, sans âme, mais sans que soit soulignée l’expression sexuelle sauvage qui en découle. Celle-ci est complètement gommée tandis qu’un auteur comme Daniel Sernine en décrit les manifestations, conscientes ou inconscientes, dans son recueil Quand vient la nuit.

« Une histoire de loup-garou » manque d’articulation dans son contenu fantastique mais le style parlé rend très vivant le récit. Il pourra paraître étonnant d’y voir autant de dialogues, dans la mesure où le récit est pris en charge par un conteur. [CJ]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 65.