À propos de cette édition

Résumé/Sommaire
Le village de Saint-Michel-ni-d’En-Haut-ni-d’En-Bas voit son quotidien bouleversé après qu’une soucoupe volante a atterri sur son sol. Le simple Baptiste se transforme en héros local pour être entré en contact avec les extraterrestres, qui ont promis de revenir après avoir analysé quelques échantillons de bronze. Le village profite entre-temps de l’attention qu’on lui accorde pour améliorer son économie touristique, mais le jour fatidique, sa population est si absorbée dans la consommation (de drogue, d’alcool et de biens) qu’elle en oublie de regarder le ciel ; seule la disparition mystérieuse de Baptiste laisse croire que les extraterrestres ont tenu leur promesse.
Commentaires
Sous le couvert d’un récit science-fictionnel, Dufresne livre dans son « Histoire de soucoupe » la critique d’une société un peu trop absorbée par la vanité, les plaisirs immédiats et l’économie marchande. La religion n’échappe pas à cette critique, puisque le curé comme le maire, l’évêque du diocèse comme le ministre du Tourisme entrent dans la ronde et tentent de profiter de l’engouement suscité par la venue des extraterrestres non seulement pour accroître leur popularité, mais aussi pour multiplier les symboles chrétiens et remplir les coffres de l’Église : « Même l’eau de l’aqueduc fut bénite et mise en vente dans les pharmacies. Les colliers de pacotille devinrent des chapelets de valeur et les boutons sans trou des médailles sans prix. Quant au coq de l’église, qui avait servi, pensait-on, de repère au voyageur céleste, il fut déclaré relique, au même titre que l’Arche d’alliance ou que le tombeau du Christ. » (p. 35)
Le moralisme bien senti qui se dégage de la nouvelle pourra en agacer certains, mais l’auteur se rachète grâce à une écriture maîtrisée, qui surpasse en fait de style la plupart des autres textes du recueil. On déplore cependant l’insistance avec laquelle il retient l’attention sur certains détails qu’on aurait aimé voir traités avec plus d’ouverture, comme la disparition de Baptiste, dont l’auteur explicite les circonstances mystérieuses dans un dernier paragraphe qu’il aurait mieux valu supprimer de la nouvelle. [CaJ]
- Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 189-190.