À propos de cette édition

Éditeur
M.E. Dansereau
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Journal du dimanche, vol. I, n˚ 9
Pagination
69-70
Lieu
Montréal
Date de parution
16 février 1884

Résumé/Sommaire

Un maçon futé remarque la présence, soir après soir, d’un cheval noir devant la demeure d’un homme à la réputation mauvaise. Il fait confectionner une bride en cuir blanc, ornée de coutures en croix et trempée dans l’eau bénite. Ayant réussi à la passer au cou du cheval, il se sert de l’animal comme bête de somme pour transporter ses matériaux. Un jour, un employé, ignorant la véritable nature de la bête, la débride pour la faire boire. Le beau cheval noir disparaît à jamais non sans provoquer la chute d’une pierre de la maison en construction. Il fut impossible de combler ce trou par la suite.

Commentaires

Le texte de Stanislas Côté constitue une variante de plus de la légende très connue du diable charroyeur de pierre. Elle est antérieure au récit anonyme publié en 1898 dans L’Évangéline et s’en distingue sur certains points. Ainsi, les faits rapportés par Stanislas Côté évoquent un événement survenu à Montréal (par opposition à Trois-Pistoles), tandis que l’utilisation du diable sert ici des fins commerciales et profanes (la construction d’une maison par un maçon âpre au gain) plutôt qu’une cause religieuse, voire sacrée (la construction d’une église par un curé peu scrupuleux). Il en résulte un texte moins riche que celui de 1898 car il ne peut compter sur l’ambiguïté morale du curé.

La forme du récit de Côté tient du reportage journalistique bien plus que du texte de fiction. L’auteur, faisant œuvre de mémorialiste, campe sommairement le décor et ne s’embarrasse pas d’effets littéraires. La montée dramatique est pour ainsi dire inexistante. L’ethnologue y trouve davantage son compte que le littérateur.

Il est à noter qu’« Une légende » comporte deux parties distinctes qui n’entretiennent aucun rapport entre elles, si ce n’est qu’elles ont pour cadre commun la rue du Cheval Noir. La première partie, qui relève du réalisme, présente en effet un certain Lamiette, fameux chef d’un ramassis de détrousseurs appelé la bande du Cheval Noir. [CJ]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 59-60.