À propos de cette édition

Éditeur
Le Sorelois
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Sorelois, vol. XII, n˚ 65
Pagination
1
Lieu
Sorel
Date de parution
18 novembre 1890

Résumé/Sommaire

Un chasseur « infatigable, aussi effronté blasphémateur que pas un damné de l’Enfer », se trouve un jour incapable d’atteindre de ses balles le gibier pourtant abondant qui l’entoure. Cent fois il tire sans jamais réussir à atteindre sa cible. Exaspéré, et se rappelant une vieille légende, il décide en ricanant de tirer sur ce qu’il est sûr de ne pas rater. Son premier coup de feu s’adresse au soleil, le deuxième à la lune et le troisième à Dieu. Si les deux premiers coups paraissent affecter leur victime, l’hérésie de la troisième détonation appelle sur le chasseur le feu du ciel. Son corps frappé roule au fond d’un gouffre, sous les « hourrahs joyeux d’une horde de démons » et l’infernal rugissement de victoire de la voix qui l’a certainement guidé et « qui n’a point d’égale au monde des vivants ».

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Commentaires

Le texte nous laisse sur une impression d’apocalypse. Il faut se raccrocher à quelques mots du dernier paragraphe pour se convaincre que le blasphème n’a puni que le blasphémateur. Ce ne sont qu’à ses yeux que sont morts le Soleil et la Lune. C’est sa condamnation, encouragée silencieusement par les forces démoniaques, qui le plonge dans la nuit, puis dans la mort et enfin en Enfer (le gouffre dans lequel il finit par plonger semble en effet être à la fois le fond d’un torrent et la porte de l’Enfer).

Si le Diable, à peine évoqué et demeurant sous terre, l’accompagne lors de ses deux premiers coups de feu, il reste prudemment à l’écart lorsque le chasseur décide de s’attaquer au Créateur. On doit sans doute en conclure que cette folie meurtrière du chasseur a été provoquée par le Diable dans le seul but de se procurer une âme.

Ce texte en forme d’avertissement (qui se termine par un fracassant : MALHEUR À QUI S’ATTAQUE À DIEU !) est-il véritablement une légende ou plutôt une sorte d’allégorie curieusement repliée sur elle-même ? En effet, à l’intérieur du récit, le chasseur se rappelle la légende d’un chasseur dont il va s’inspirer afin de commettre ses hérésies. Ce chasseur légendaire s’est-il lui aussi attaqué au soleil, à la lune puis, enfin, à Dieu ? S’agit-il d’un quelconque personnage mythologique ? Est-ce le chasseur lui-même qui, en quelque sorte, a forgé dans son esprit ce chasseur légendaire qu’il est sur le point de devenir ? Est-ce tout simplement le Diable qui l’inspire ? Ce n’est pas au texte de Beau-Vallon d’apporter ce genre de réponse. Ce qui prédomine ici, ce sont l’ambiance… et l’avertissement. [TV]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 35-36.