À propos de cette édition

Éditeur
Charles Guérin
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
La Sentinelle
Pagination
1
Lieu
Montmagny
Date de parution
19 août 1892

Résumé/Sommaire

Un cultivateur engage un jeune homme de la paroisse voisine pour l'aider aux champs. Bon travailleur mais timide et taciturne, l'engagé s'ouvre au contact de la nièce de l'habitant, la belle et enjouée Catherine. Un jour, José ne se présente au travail qu'en fin de matinée, pâle et les yeux rouges. Ses retards se multiplient. Une nuit d'orage où il est parti courir le loup-garou, on le retrouve mort près de la grange.

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Commentaires

Comme l'indique le présentateur du texte, « Une légende » est une histoire de loup-garou classique. Toutefois, trois éléments non négligeables la distinguent des versions connues et lui confèrent une originalité certaine qui surprend agréablement.

Premièrement, la narratrice du conte, une grand-mère qui s'adresse à ses petits-enfants, ne fait pas mention d'une quelconque transformation physique du jeune homme, ce qui est plutôt inhabituel quand on court le loup-garou. En outre, le « possédé » meurt à la fin, alors que la victime est généralement délivrée de sa malédiction ou de son tourment par une blessure superficielle qu'on lui inflige.

Deuxièmement, le récit évoque une lueur rouge qui vacille au-dessus du cadavre du jeune homme. Il s'agit de son âme qui cherche en vain à regagner le corps du malheureux, ce qui cause sa mort. Pour ma part, je n'ai jamais vu dans les contes fantastiques traditionnels une telle représentation de l'âme humaine.

Troisièmement, il est rare que les dommages collatéraux, si on peut dire, sont abordés dans les récits de loup-garou. Le narrateur ne se soucie pas d'épiloguer sur ce qui arrive aux proches de la victime (femme, enfants ou parents). Ici, Catherine, qui est tombée amoureuse de José, vient près de mourir de chagrin et une fois rétablie, elle entre au couvent. Son sort rappelle celui de Rose Latulippe qui, dans plusieurs versions du « Diable à la danse », est punie pour sa coquetterie et pour avoir délaissé momentanément son fiancé pour danser avec le bel étranger.

Pour toutes ces raisons, « Une légende » d'Azilia, découverte dans l'édition 2013 de Contes et Légendes de la Côte-du-Sud, mérite pleinement sa place dans le répertoire québécois des histoires de loup-garou et l'enrichit indubitablement. [CJ]