À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Novelette
Paru dans
Solaris 93
Pagination
11-23
Lieu
Hull
Année de parution
1990
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Il y a Suzie Müller, l’artiste qui s’est tuée d’une balle dans la tête devant une caméra de Shockvid, son père, Dietrich, qui a conçu un super-virus dont il a encodé la description génétique dans les “bits” du dernier CD de sa fille, Princes of Serendip, Sarah Wiemer, technicienne-généticienne qui doit reproduire ce virus afin de fuir l’Europe avec son frère Jakob, camé au “Miracle”, Auchinleck, l’amant de Suzie, contacté par la personnalité électronique de cette dernière, Herr Roslof, de l’Europapolizei, qui a chargé Weimer de recréer le virus et qui doit éliminer tous les gens connaissant le secret du super-virus, et enfin ces Technolytiques, qui veulent retourner à l’âge de bronze mais n’en adorent pas moins le “fantôme” de Suzie Müller…

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Commentaires

Et l’action dans tout ça ? Eh bien, elle est subtilement générée par l’interaction de tous ces personnages. Malgré la longueur du texte de Meynard, elle ne demeure que marginale, l’intérêt de la lecture se portant plutôt sur les personnages et leur adaptation à un monde où la technologie a tout envahi, allant même jusqu’à générer un phénomène de rejet global chez les humains. Il y a aussi les nombreux passages où ces mêmes personnages s’appliquent à manipuler cette technologie délirante – mais l’est-elle tant, quand on regarde autour de soi en cette fin de XXe siècle ? – afin de vivre, ou de survivre…

« Une princesse de Serendip » a été publié dans le dossier science-fiction ou SF Hard de la revue Solaris. À n’en pas douter, elle fait effectivement partie de cette catégorie spéciale de science-fiction où la science tient une grande place dans l’histoire. N’y est-il pas question de manipulation génétique, de machine pensante, avec descriptions et explications à l’appui ? Pourtant l’ensemble de la nouvelle m’apparaît plutôt comme une vision à tendance nettement sociologique d’un siècle à venir – et les fréquentes insertions d’exergues servent à donner au lecteur un aperçu de l’aspect du monde en ce milieu de XXIe siècle – où le genre humain risque d’être submergé par le développement intempestif de la science.

En ce sens, et à la lecture des entrefilets démontrant la tendance de cette société au contrôle serré et à l’interdiction de la recherche sauvage dans certains domaines de la connaissance, on peut comprendre ce texte comme une mise en garde contre une certaine inconscience dans le développement scientifique et contre tout aveuglement devant les merveilles que la science semble promettre. L’auteur inclut d’ailleurs un passage significatif où il dit, par l’entremise du fantôme électronique de Suzie Müller, que la fiction scientifique sera toujours plus attrayante que la réalité scientifique !

Une bonne nouvelle d’Yves Meynard, un auteur qui s’affirme de plus en plus. Non seulement possède-t-il une plume alerte et un sens certain de la structure narrative, mais encore démontre-t-il ici qu’il “a” cette vision nécessaire à tout écrivain voulant percer dans le domaine difficile de la littérature de l’imaginaire.

La SF n’est pas qu’une littérature de “gadgets” : Yves Meynard nous le montre de façon éclatante depuis quelques années, et particulièrement ici avec « Une princesse de Serendip ». [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 135-136.