À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Logiques
Titre et numéro de la collection
Autres mers, autres mondes - 11
Genre
Science-fiction
Longueur
Novelette
Paru dans
Sol
Pagination
153-185
Lieu
Montréal
Année de parution
1991
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Alain rencontre Brigitte à une soirée donnée par Jean-Pierre. Il la trouve absente mais attirante, elle trouve qu’il fait un peu pitié parce qu’il est timide. Elle accepte néanmoins qu’il la raccompagne chez elle et, finalement, ils passent la nuit ensemble. Tout au cours du week-end, ils vivront diverses situations qui les éloignent irrémédiablement l’un de l’autre, comme s’ils évoluaient dans des univers parallèles.

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Commentaires

À la lecture du résumé, vous pouvez légitimement vous demander si ce texte appartient à la science-fiction. Jusqu’à mi-chemin de la nouvelle, je me suis posé la même question. Comment l’auteur arrivera-t-il à transformer cette histoire pour qu’elle s’inscrive tout naturellement dans une anthologie de SF comme Sol ? Puis, j’ai commencé à comprendre en constatant les différences qui existent entre la version d’Alain et celle de Brigitte. Les événements importants concordent – si Alain dit qu’il a couché avec Brigitte, celle-ci ne dit pas le contraire – mais pas les perceptions, pas les petits détails qui peuvent avoir aussi leur importance – Alain dit que Brigitte a appelé sa sœur, Brigitte affirme que c’est sa sœur qui lui a téléphoné. Bref, les deux amants vivent dans des univers parallèles.

La nouvelle de Pierre Sormany est une illustration de la théorie d’Everett sur les univers multiples en physique quantique. En bon scientifique qu’il est, l’auteur transpose cette théorie non vérifiable dans l’histoire de la brève liaison d’un couple. Le texte est divisé en six chapitres, chacun commençant par un énoncé scientifique sur les photons lumineux : l’interférence, l’auto-interférence, quand le possible prend forme, les lois du hasard, les univers multiples, les univers entrelacés. Puis l’auteur met en scène une situation qui illustre ce qu’il vient d’avancer. Il n’est pas nécessaire de saisir toutes les subtilités des explications de Sormany sur la mécanique quantique pour apprécier le brio de sa démonstration.

Vous vous souvenez du film Mon oncle d’Amérique qui traduisait dans la fiction les savantes théories d’Henri Laborit sur la fuite ? Pierre Sormany utilise exactement la même démarche artistique, sauf qu’il est plus proche de l’univers d’Éric Rohmer, celui de Les Nuits de la pleine lune, que de l’univers d’Alain Resnais.

La seule faiblesse de la nouvelle de Pierre Sormany est inhérente à sa démarche. Quand on comprend où il veut en venir, l’intérêt diminue parce que l’on sait comment cela va finir. L’échec de la relation devient prévisible. La belle mécanique narrative continue de rouler sur son erre d’aller mais le lecteur, lui, est déjà ailleurs. Comme Alain. Comme Brigitte. Pierre Sormany est dans son univers. Le lecteur retrouve le sien. Mais le temps d’une rencontre, ce fut agréable. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 165-166.