À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Novelette
Paru dans
Solaris 127
Pagination
4-12
Lieu
Roberval
Année de parution
1998
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Dernier représentant de son espèce, un ange descend sur Terre dans l’espoir de trouver un humain avec lequel « s’accoupler ». Mais dès qu’il se pose, Uriel est attaqué par des enfants-loups. Il est sauvé in extremis par Kornilla, une vampire aux ailes noires qui peut changer de sexe à volonté. Uriel est méfiant et en même temps intrigué par ce singulier personnage. Il apprend que la Terre est désormais peuplée de créatures hybrides et sauvages, que le mal règne. L’enfer ! Nul doute alors que Kornilla l’a recueilli pour assouvir ses pulsions sanguinaires… Mais voilà que Kornilla se montre maternelle et chaleureuse. Dans quel dessein ? Uriel succombe au désir, honteux mais heureux. Il connaît le plaisir incommensurable des sens. Le lendemain, il se réveille seul, souillé, pris de remords. Les jours passent, Kornilla ne revient pas.

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Commentaires

Qui aurait pu imaginer, hormis Alain Bergeron, qu’un ange débarque dans un monde post-nucléaire pour y découvrir les plaisirs de la chair aux côtés d’une séduisante vampire ? Dès les premières lignes de la longue nouvelle, le ton est donné. C’est avec humour et ironie que Bergeron décrit les préoccupations d’Uriel au milieu des sphères célestes. Bergeron puise dans l’imagerie populaire et religieuse, qu’il tourne abondamment en dérision. L’ange Gabriel n’était-il pas venu visiter Marie ? Immaculée conception, bien sûr… Disons simplement que l’incarnation du spirituel dans l’humain (ou inhumain) prend ici une tournure un peu plus érotique. L’ange et la bête se confondent. Ils se ressemblent d’ailleurs étrangement dans ce monde sordide, peuplé de monstres cauchemardesques. Ne sont-ils pas tous deux des créatures d’éternité, des êtres légendaires ? Le bien et le mal réunis…

C’est dans un tel décor de fin du monde que l’ange Uriel vit sa déchéance. Il faut préciser que Kornilla avait pris soin de mener son partenaire dans un campanile quasi inaccessible, tout près d’une cathédrale en ruines. Un lieu digne d’Uriel. C’est donc en cet endroit où persistent de vieilles odeurs d’encens que « se mélangèrent à plusieurs reprises le vin du ciel et les feux des enfers ». Uriel plonge dans le chaos et la perversité, conscient qu’il déroge aux lois de sa nature. Une « chute » qui emportera le dernier représentant de l’espèce. Kornilla, hermaphrodite bien rusée, connaîtra toutefois le sort inverse puisque son accouplement donnera naissance à une nouvelle race tout à fait inusitée… Ainsi va la vie…

Le couple dépareillé et antithétique que forment Uriel (boucles dorées, ailes blanches et soyeuses) et Kornilla (ailes de cuir noir, crocs dégoulinant de sang) est irrésistible. Une fois de plus, Bergeron imagine un univers sens dessus dessous dans lequel évoluent des êtres pour le moins singuliers. L’arrière-scène évoque le drame expressionniste, mais les actions tiennent de l’absurde ou de la fantaisie… Chose certaine, Alain Bergeron est un grand maître de l’ironie et il ne cesse de surprendre. « Uriel et Kornilla » compte sans doute parmi les meilleures nouvelles de SF parues au cours de l’année. [RP]

  • Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 24-25.