À propos de cette édition

Éditeur
Écrits du Canada français
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Écrits du Canada français 32
Pagination
62-69
Lieu
Montréal
Année de parution
1971

Résumé/Sommaire

Martin Duchêne souffre de voir tant de gens de sa famille mourir autour de lui. À la suite d’une dépression, il consulte un célèbre mystique afin de connaître la date de son décès. Au jour annoncé de son trépas, il contracte une fièvre contre laquelle il n’existe aucun remède et emploie toutes ses énergies à ne pas mourir. Contre toute attente, il y parvient. Malgré cette victoire morale, son corps poursuit son processus de décomposition. Martin Duchêne, emmuré dans la cave de la maison du mystique, est décédé depuis maintenant vingt-cinq ans.

Commentaires

Voilà une nouvelle très bien écrite et extrêmement efficace. Carol Dunlop-Hébert parvient à donner vie à ses personnages et à les rendre crédibles au point où on ne peut qu’être horrifié par le prix payé par Martin Duchêne pour vaincre la mort. En effet, il aurait dû mourir de cette fièvre incurable, mais il est parvenu à survivre grâce à un titanesque effort de volonté. Ayant « survécu » à sa mort, il est convaincu d’être immortel. Malheureusement pour lui, ce n’est que son esprit (ou son âme ?) qui est encore en vie.
Malgré les apparences, il ne s’agit pas ici d’une nouvelle de zombies, puisque Duchêne ne cherche pas à manger de la chair humaine. En fait, c’est plutôt son esprit qui est emprisonné dans son propre corps en décrépitude. La chute, ainsi que le titre, démontre un humour noir parfaitement maîtrisé, qui renforce la qualité du texte. La progression narrative est menée de main de maître, et on comprend sans mal ce qui pousse Duchêne à consulter le mystique. De plus, les changements psychologiques vécus par Duchêne sont crédibles et bien amenés.
En terminant la nouvelle, le lecteur ne peut s’empêcher de repenser aux avertissements servis à Duchêne par le mystique. Le narrateur est bien choisi et il est assez discret pour que le lecteur l’oublie, tout en sachant à quel moment intervenir pour un effet maximal. Dunlop-Hébert rend très bien le côté fantastique de sa nouvelle et nous offre un très bon moment de lecture. Voilà un texte original et bien écrit, qui mérite d’être lu pour ses nombreuses qualités et son côté intemporel. [PAB]

  • Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 192.