Veilleurs de nuit

Tous les habitants de la ville de B… ne dorment pas d’un sommeil tranquille : les inquiétants Veilleurs arpentent nuitamment les rues, et les éventuels noctambules attardés deviennent leur proie. Ils s’effilochent cependant au matin, comme des rêves. Mais pendant quelques secondes, dans la lueur d’un réverbère, un improbable observateur pourrait voir l’arme tranchante qui remplace leurs mains.

• Veilleurs de nuit (1998) - Courte nouvelle

Avec l’économie et la précision d’une épure, ce texte capture l’essence d’un certain fantastique classique, ce « sommeil de la raison » où surgit une autre logique impitoyable, cette « face cachée du réel » qui se révèle de façon privilégiée de l’autre côté du jour. L’imagerie est simple et directe, ce qui dans un texte aussi bref fait passer sans problème les stéréotypes au plan des archétypes, et l’ambivalence des symboles leur assure une résonance durable : les Veilleurs sont à la fois l’Ordre qui rôde, castrateur, mais complice dans sa violence des pulsions mêmes qu’il punit… et lié comme elles à la nuit à la fois libératrice et mortelle. [ÉV]

• Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 135.