À propos de cette édition

Éditeur
Les Projets Void
Titre et numéro de la collection
Le Trench - 23
Genre
Science-fiction
Longueur
Feuilleton
Format
Fanzine
Pagination
54
Lieu
Saint-Lambert
Année de parution
2000
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Le vaisseau Titania atterrit sur le complexe Kanawaka, sur les têtes de Crisp et du Trench. Crisp bombarde le toit de l’édifice sous eux et pousse Le Trench dans l’ascenseur qui les mène dans le bureau directorial. Ils descendent par un ascenseur privé au centre même du complexe où une tour creuse rassemble tous les systèmes de contrôle de Kanawaka. Crisp précipite Le Trench dans le gouffre avant de s’y jeter lui-même et ils trouvent, tout au fond, une salle cryogénique dans laquelle Kanawaka assure sa survie éternelle. Son corps congelé est relié à son réseau informatique et éthéral, ce qui fait qu’il connaît tous de ses employés et de ses machines et qu’il peut tout régulariser. Admiratif malgré sa haine, Crisp s’apprête à tuer Kanawaka lorsqu’Obéron, véritable boule d’énergie en fusion, survient pour se venger.

C’est alors que Le Trench découvre un mécanisme qui constitue un piège à énergie. Il comprend que Kanawaka a déjà attrapé une de ces créatures énergétiques lors de précédentes expérimentations et qu’il s’en est servi pour assurer le besoin énergétique de son complexe. Titania avait été envoyé en mission, à son insu, pour ramener une autre créature qui allait ainsi doubler le pouvoir énergétique des industries Kanawaka. Effectivement, Obéron est pris au piège. La présence radioactive affecte grandement les manteaux de Crisp et du Trench qui s’affaiblissent. Mary Jane en profite pour reprendre le contrôle de son corps et elle étend son manteau pour absorber, malgré la surcharge, le plus de radiations possible afin de sauver Le Trench. Cela provoque pour elle un voyage spatio-temporel qu’elle ne peut contrôler.

Le Trench rend visite à l’hôpital à la jeune Mary Jane blessée par l’explosion du café Kita-Kita-West et lui donne un cadeau pour se faire pardonner. La rencontre déclenche chez lui une profonde dépression parce qu’il sait maintenant qu’il échoue toujours à protéger Mary Jane, surtout celle du futur.

Commentaires

Les dernières aventures du Trench que j’avais lues avec plaisir étaient le fruit de l’imagination de Thierry Vincent. Les trois épisodes résumés plus haut ont été écrits par Mathieu Daigneault qui déclare que le nouveau look en couleur, au numéro 21 de La Trench, correspond à l’image qu’il s’en faisait quand il a créé ce feuilleton il y a quelques années.

Pour ce qui est de l’écriture, on perçoit chez Daigneault un grand souci de ne pas égarer le lecteur : rappel, explication… Les personnages perdent de leur vivacité et de leur nonchalance. Ils gagnent en revanche une profondeur psychologique qui ralentit l’action. Davantage torturés et à la recherche de sens, ils prennent le temps de réfléchir et de discuter, même en pleine catastrophe, ce qui fait que l’action les bouscule constamment. Ils sont davantage victimes que maîtres du jeu. Ainsi, Le Trench n’est pas pris dans une boucle temporelle par étourderie, mais bien de façon délibérée à cause d’une dépression. Qu’est-ce qui déprime à ce point cet agent imbu de lui-même ? Il a découvert que c’est à une femme qu’il doit la vie sauve et qu’il est incapable, à son tour, de la protéger.

Le personnage féminin occupe la page couverture et la place forte dans l’histoire. Ses capacités sont beaucoup plus grandes et davantage contrôlées, quoique la violence, sous la forme du violent Colonel Crisp, peut surgir dans les moments critiques. Ainsi, les personnages sortent de leur stéréotype : une femme à la double personnalité capable de sauver des vies et de tuer et un homme d’action qui se laisse piéger par ses émotions. De plus, le potentat industriel Kanawaka prend une dimension déifiée : vie quasi éternelle, omnipotence et omniscience, que demander de plus ? Il se joue des autres personnages qui ne savent plus s’il est bon ou mauvais de se débarrasser d’un tel être. Cela représente bien notre perplexité et notre immobilisme devant la mondialisation et l’économie globale qui place, dans quelques mains, le sort de l’humanité.

Bref, l’écriture de Daigneault, malgré toute l’inventivité qu’on y trouve assurément, est moins gratuite : est-ce un tort ou un bien ? [AL]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 44-47.