Virgo

Un gynécologue traite plusieurs patientes devenues enceintes alors qu’elles étaient encore vierges. Peu à peu, une épidémie « d’Immaculées Conceptions » se répand, touchant des jeunes femmes âgées entre quatorze et dix-huit ans qui ont vu le jour après le 11 février 1966. Visiblement fécondées par une sorte de « Rêve », ces nouvelles mères donnent naissance uniquement à des petites filles, ce qui laisse présager que les hommes disparaîtront à long terme. Le gynécologue n’échappe d’ailleurs pas au « fléau », puisque sa fille Lydie s’avère enceinte à son tour.

« Virgo » témoigne du talent de l’auteure pour incarner ses personnages (à l’exception du narrateur, falot, qui ne sera de surcroît pas nommé), de même que pour écrire des dialogues réalistes. Toutefois, ce texte donne l’impression de servir avant tout à transmettre un message utopiste.
En effet, la société entièrement composée de femmes qui donnent naissance à des petites filles est décrite de manière idyllique. Le « Rêve » qui féconde les vierges est en quelque sorte l’idéal d’un univers exclusivement féminin. Les jeunes mères qui ont été choisies pour l’Immaculée Conception y combinent toujours avec brio études/travail et maternité. Bref, la vision présentée est trop « immaculée » : « le Rêve supplée à tout, et les fillettes naissent avec une belle régularité » (p. 60).
Les conséquences d’une telle vague d’Immaculées Conceptions sont également traitées avec un peu de légèreté, comme si presque toutes les jeunes femmes (rappelons qu’elles ont entre quatorze et dix-huit ans) s’accommodaient aisément et naturellement de leur nouveau rôle de mères.
En bref, nous frayons ici avec une utopie qui ne s’embarrasse pas trop de vraisemblance. Un texte sympathique, quoiqu’un peu superficiel. [AG]

• Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 225.