À propos de cette édition

Éditeur
imagine…
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
imagine… 43
Pagination
13-18
Lieu
Montréal
Année de parution
1988
Support
Papier

Résumé/Sommaire

David Wynberg, journaliste et chercheur au CNRS, enquête sur « la multiplication des bizarreries alimentaires dans la vie des Américains ». A l’origine de ce phénomène, l’« obsession de la minceur » se répand comme une traînée de poudre dans la population, en particulier chez les femmes. Wynberg interroge Margarethe Lorean, de la Lorean Corporation, qui a mis au point une toute nouvelle technique d’amaigrissement. Efficace sans doute, la « philosophie Lorean » a cependant des détracteurs, car elle semble créer une dépendance chez ses adeptes.

Commentaires

Gagnante du second prix au concours Visions de l’avenir de Boréal 87, cette nouvelle est le premier texte de science-fiction écrit par l’auteure. Je ne crois pas faire preuve d’insolence en affirmant qu’il s’agit d’une semi-réussite. Réussite indubitable en tant que texte de science-fiction, mais déception indiscutable en tant que récit.

Le texte, en effet, n’est pas une véritable nouvelle. C’est plutôt l’exposé d’un problème social ainsi que de la solution expérimentée par la Lorean Corporation. Tension dramatique absente. Les deux protagonistes discutent devant nous, comme lors d’une entrevue télévisée. « Vision de l’avenir » n’est pas un récit, mais l’amorce d’une nouvelle plus longue ou encore d’un roman. Par ailleurs, le sujet est trop ample pour mériter une si mince exploitation. À l’instar des clients de la Lorean Corporation, le texte souffre donc d’anorexie, de maigreur du moins.

Son thème, toutefois, est magnifique. Malgré l’importance qu’a prise le problème de l’anorexie dans les sociétés occidentales, peu d’écrivains s’y sont intéressés jusqu’à présent. Pendant que le junk-food domine en roi et maître le régime alimentaire des jeunes, l’élégance et la minceur s’imposent pourtant chez eux comme des valeurs sacrées. Pas seulement chez les jeunes, bien sûr. En fait, c’est toute la question de notre rapport avec la nourriture qui serait posée dans ce texte si son auteure était allée jusqu’au bout.

L’écrivaine Marie-Claude de Sève ne nous laissera pas sur notre appétit, je le souhaite. Son écriture, sentie et bien maîtrisée, laisse présager qu’elle ne s’arrêtera pas là. Quant à savoir si « Vision de l’avenir » aura un prolongement, ne nous rassure-t-elle pas elle-même, dans le dernier paragraphe, lorsqu’elle fait dire à Miss Lorean : « … prenez garde aux choses qui semblent devoir se terminer trop rapidement. Parfois elles ne font que reculer… pour un temps. » [DC]

  • Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 62-63.