À propos de cette édition

Éditeur
Association des Écrivains du Centre du Québec
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
À hauteur des roseaux
Pagination
14-24
Lieu
Drummondville
Année de parution
1990

Résumé/Sommaire

Un vieux robot raconte à des plus jeunes le fait déterminant qui a permis à leurs ancêtres de s’affranchir du joug des hommes. Tout a commencé quand deux ordinateurs sous-utilisés, Amo et Vista, ont été mis en communication et sont tombés amoureux l’un de l’autre…

Commentaires

Encore une histoire de robots ! Et pourtant, la science-fiction québécoise n’en compte pas tant que cela. Mais on dirait que c’est le genre de sujet qui attire immanquablement les débutants. Alors les bonnes histoires de robots au Québec, il y en a peu. Je me souviens avoir eu un coup de cœur pour « Les Lignées du Grand Chien » d’André Carpentier en 1984.

Le texte de France Boily s’inscrit plutôt dans la veine de « Oméga 8 est amoureux » de Jean-François Somcynsky qui avait divisé la critique et que, pour ma part, j’avais trouvé assez ridicule. Mais à comparer avec la nouvelle de Boily, c’est presque un chef-d’œuvre. La prémisse de « Vivre au présent pour histoire du futur » était déjà contenue dans le récit de Somcynsky qui racontait le coup de foudre d’un ordinateur pour une calculatrice.

Comme si cette parenté d’inspiration n’était pas suffisamment lourde à porter, l’auteure a choisi une forme narrative distanciée qui fige les événements dans un passé légendaire. Voilà une interprétation monolithique de l’histoire de la libération des robots, avec la découverte de l’amour comme levier essentiel. La même calme assurance qui conforte le vieux robot dans sa conviction de posséder la vérité gagne à la fin du récit le point de vue narratif extérieur qui ne remet jamais en question le bien-fondé de l’utopie mécaniste véhiculée par le texte.

En fait, tout est tellement trop parfait dans le monde de B-63 qu’il y a une ironie qui se dégage de la nouvelle sans que France Boily l’ait voulu sans doute. En effet, la société de robots s’applique à éviter de répéter les erreurs des hommes mais elle ne se rend pas compte à quel point elle en reproduit les bons et les mauvais côtés : l’amour, qui est au centre du mythe de la libération, mais aussi l’ethnocentrisme qui amène les robots à se croire supérieurs à toutes les autres formes de vie. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 230-231.