À propos de cette édition

Éditeur
Boréal
Titre et numéro de la collection
Junior - 41
Genre
Fantastique
Longueur
Novelette
Format
Livre
Pagination
90
Lieu
Montréal
Année de parution
1995
ISBN
9782890527256
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

Au début de l’été, Simon, un adolescent d’une douzaine d’années, fait la rencontre de Martin Cormier, un garçon de son âge dont les parents ont loué la maison adjacente à la sienne. Histoire de l’accueillir gentiment, Simon lui fera découvrir le quartier en compagnie de son meilleur ami Frédéric. Or les gamins sont témoins d’une scène où la mère de Martin, prétendument muette, fait des excuses à une demoiselle Pelé qu’elle est seule à voir ; Martin prouve quant à lui qu’il possède une intuition hors du commun et cueille des framboises qui auraient dû être mûres bien plus tard en saison. Les Cormier ont-ils les facultés de voir l’invisible et d’influencer le cours de la nature ?

Un bon matin, alors que Simon et Frédéric, toujours accompagné de son chien Arthus, se rendent à leur cabane secrète, le nouveau voisin s’y amuse déjà avec sa collection de pierres précieuses. L’épagneul trop enjoué passe près d’engloutir la plus brillante des pierres, que son jeune maître lui retire vivement de la gueule en s’excusant. Étrangement, les malheurs s’abattront sur eux avant la fin du jour.

Simon entreprendra donc une enquête qui le mènera jusqu’à l’ancien quartier de son voisin, où il croisera Suzie, la cousine de Martin. Puisque celle-ci croit les Cormier affligés d’une grave malédiction depuis leur retour de vacances à Hawaï, les jeunes iront consulter une vieille gitane qui exposera l’interdiction, par une déesse nommée Pelé, de prendre les pierres sacrées du volcan Mauna Loa. Ainsi, la pièce maîtresse de la collection de Martin serait responsable des malheurs de tous ceux qui l’auraient touchée. Ensemble, les trois jeunes requerront l’aide d’un indigène avec qui Martin s’était lié d’amitié, à qui ils retourneront la pierre, afin que tout rentre dans l’ordre.

Commentaires

Le Voisin maléfique est construit sous forme d’enquête menée par un jeune narrateur futé, à tendance héroïque, et qui étonnamment (c’est bien connu, on y résiste plutôt, d’habitude) ne demande qu’à croire aux explications surnaturelles. Celles-ci, heureusement, ne seront pas celles qui sont envisagées. Le narrateur participe activement à l’action et témoigne, au fur et à mesure, de ses découvertes. De ce fait, l’intrigue avance rondement d’un lieu ainsi que d’une hypothèse à l’autre, évitant les longueurs qui feraient à coup sûr décrocher un lecteur novice. L’histoire est quant à elle correctement ficelée, les indices étant disséminés au bon moment dans le récit. Pas de défaut d’édition majeur de ce côté. Tout se tient.

Par contre, les pièces du casse-tête ont le défaut de s’agencer trop facilement pour mener à la résolution du mystère, notamment en ce qui a trait à la rencontre imprévue mais fort pratique de Simon avec la cousine de Martin, à son ancien dépanneur de quartier, qui fournit non seulement la piste à suivre – avec la Femme-aux-chats, spécialiste des malédictions et autres phénomènes magiques – mais également le véhicule de type « scooter » qui permettra justement de s’y rendre, puisqu’elle habite en retrait de la ville.

La fin du récit déçoit un peu, avec l’arrivée d’une déesse nommée Isa, principale rivale de Pelé, mais jamais mentionnée auparavant, et qui vient remercier en songe (c’est sans surprise) le preux chevalier ayant combattu le sortilège de Mauna Loa, bien que tout se soit fait à distance et par l’entremise de plusieurs amis collaborateurs. Une dernière scène de l’épilogue semble également superflue, c’est celle du nouveau représentant canin qui vient croiser ses deux pattes avant devant les gamins, comme seul le chien de Frédéric (qui s’est fait frapper) savait le faire, et qui laisse planer l’ombre d’une réincarnation possible du chien. À part rappeler les princesses de Disney que l’on croyait mortes et qui se réveillent par suite d’une larme ou d’un baiser, cela ajoute peu à l’histoire, sinon l’intrusion in extremis d’une autre thématique liée à l’inexplicable que l’on aurait pu conserver pour un prochain roman.

L’éditeur a tenté d’agrémenter la présentation visuelle du livre de quelques dessins à traits levés sur fond blanc qui allègent un peu le texte, sans pour autant que l’on soit convaincu de l’enrichissement artistique qu’ils confèrent à l’ensemble.

Mais trêve de sévérité, avec la mise en garde du peuple autochtone d’Hawaï qui n’est pas respectée, provoquant jusque dans une famille d’ici toute une série de catastrophes terrifiantes, on n’est pas si loin de la structure du conte (à la sauce contemporaine), où le jeune lecteur aura la satisfaction de voir le bien triompher. S’il porte attention aux détails, il aura même droit à quelques légers frissons grâce aux petits suspenses répartis à différents moments de l’histoire, notamment quand Simon oublie son coupe-vent chez les voisins. Il profitera de plus d’un style d’écriture qui, bien que sans prétention, ne comporte pas de faiblesses importantes, et y trouvera même quelques comparaisons qui témoignent d’un soin évident consenti à l’écriture du roman. À cause du rythme de l’aventure, de la crédibilité des personnages et de l’attrait exercé par l’enquête, gageons que le plaisir de lecture, peu importe les petits défauts évoqués, sera au rendez-vous pour les lecteurs de 10 à 12 ans à qui le texte est destiné. [MEL]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 105-106.

Références

  • Dionne, Michèle, Québec français 103, p. 124.
  • Sarfati, Sonia, La Presse, 29-10-1995, p. B 6.