À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 121
Pagination
10-15
Lieu
Roberval
Année de parution
1997
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Dans un Montréal futuriste rongé par les fléaux familiers de la drogue et de la criminalité, Yala se consacre entièrement à la danse aquatique. Cette nouvelle forme d’art est restée mineure au Québec mais jouit d’une certaine popularité dans le reste du monde. Un jour, Yala reçoit un message de son frère la conviant à une chasse au trésor qui devient aussi une plongée dans ses souvenirs.

Parti depuis longtemps, son frère Marco était devenu trafiquant de drogues après avoir connu la célébrité comme compositeur sous le nom de Karellil grâce à des manipulations audacieuses de ses tissus cérébraux. Insatisfait de ses propres productions, Marco a choisi de brûler son talent artificiel en abusant de drogues. Mais la composition qu’il envoie à sa sœur après avoir retrouvé sa voix originelle est la dernière : l’ultime indice de la chasse au trésor accompagne l’annonce de sa mort, présumément dans un règlement de comptes entre trafiquants.

Commentaires

Cette nouvelle de Julie Martel, sans doute sa meilleure à ce jour, est un portrait tout en finesse d’une artiste rattrapée par son passé. Les éléments science-fictifs sont discrets : les expériences menées sur Marco O’Shea ne sont évoquées qu’indirectement, dans de courts passages qui livrent le point de vue de Marco. L’avenir de Montréal n’est qu’esquissé. À la limite, l’histoire aurait pu ne pas relever de la science-fiction, au prix de modifications mineures.

Le point fort de ce texte, c’est la description de Yala et de ses sentiments face à sa famille et à son frère. La danse lui a-t-elle servi de refuge à la suite de la mort violente de son père et de sa sœur aînée, puis du départ de son frère ? Martel semble le suggérer, mais la chasse au trésor proposée d’outre-tombe par Marco O’Shea amène Yala à se réconcilier avec son passé. Le fait que Yala ait été touchée par la musique de Karellil indique toutefois qu’elle n’avait jamais entièrement fait une croix sur les bonheurs de son enfance.

L’écriture de Martel est efficace, et les distiques humoristiques de Marco O’Shea se distinguent par leur ton et leur aimable fantaisie. En soi, la narration n’est pas prenante, mais le lecteur la suivra jusqu’au bout une fois lancé dans l’histoire. Toutefois, pour être plus poignant, ce texte aurait dû nous en dire plus sur Marco et sur ses rapports antérieurs avec Yala. Un peu comme Marco, le lecteur finira peut-être par se demander si ce n’est pas l’histoire du frère de Yala qui aurait été la plus intéressante à raconter… [JLT]

  • Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 118.