À propos de cette édition

Éditeur
Médiaspaul
Titre et numéro de la collection
Jeunesse-pop - 97
Genre
Science-fiction
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
151
Lieu
Montréal
Année de parution
1995
ISBN
9782894202784
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Une jeune fille se réveille dans un endroit inconnu. Elle n’a aucun souvenir de qui elle est, ni de quoi que ce soit. Il semble qu’elle soit une autre victime d’une drogue dont la surdose provoque une profonde amnésie. Récupérée par le personnel d’un abri nucléaire dans les souterrains de Montréal reconverti en refuge pour orphelins et autres jeunes désœuvrés, on lui assigne le nom de Dominga. Si ses compagnons la poussent à se tourner vers l’avenir et à envisager son amnésie comme un nouveau départ, Dominga, au contraire, ressent un attrait irrésistible pour le vide de son passé.

Elle se lance dans une enquête sur sa propre personne, afin de découvrir qui elle est – et ce qui l’a poussée à consommer la drogue de l’oubli. Ses découvertes la mènent dans le très chic Senneville, en banlieue ouest de Montréal, où elle découvre qu’elle est l’héritière d’une riche famille – mais également une rebelle, membre en règle d’un groupe révolutionnaire gauchiste, les Nouveaux Guerriers Psychédéliques. Cette découverte en cache une autre, plus sinistre : quelqu’un lui a effacé la mémoire de force dans un but bien précis.

Commentaires

Ce roman jeunesse de la quête de l’identité et du sentiment d’appartenance se veut une anticipation critique de la société québécoise contemporaine. D’une lucidité parfois déconcertante pour un ouvrage destiné à un public adolescent, il fait montre d’un exercice de prospective, règle générale, fort crédible, et l’effet de vraisemblance y fonctionne très bien. Certes, l’amnésie, sur laquelle s’ouvre le roman, est un levier de caractérisation suremployé en science-fiction mais le traitement dont il fait l’objet ici s’effectue de manière relativement novatrice, et constitue d’ailleurs le nœud de l’intrigue.

Le lecteur comprend rapidement que Dominga, la protagoniste, n’a en effet pas simplement perdu la mémoire – on la lui a effacée. Qui lui a fait cela ? Quel est son mobile ? Et pourquoi se donner tout ce mal, alors qu’un simple assassinat aurait tout aussi bien fait l’affaire ? Et qui est Dominga, en réalité ? À travers ces questions qui hantent le lecteur et la quête identitaire de la protagoniste, la narration nous convie à un jeu de pistes qui n’a rien à envier au roman policier, dont le roman emprunte par moments les conventions narratives.

Si cette hybridation générique est intéressante en elle-même et permet de garder le lecteur en haleine, il reste que c’est le décor, le contexte social qui y est dépeint qui fait la force anticipatrice du roman. On apprécie particulièrement la peinture idéologique des deux principaux courants de jeunes révoltés, les « Tuquistes », attachés aux traditions et qui désirent coloniser un nouveau monde, et les « Nouveaux Guerriers Psychédéliques », qui désirent changer le monde existant ici, et maintenant. Deux mouvements qui se battent dans les rues et que tout semble opposer, mais dont la chute révèle une certaine parenté à travers l’aliénation sociale subie par une adolescence qui peine à trouver sa place au sein d’une société qui en rejette la fougue. [MRG]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 186-187.

Références

  • Cadot, Richard, Lurelu, vol. 18, n˚ 2, p. 29.
  • Dupuis, Simon, Solaris 116, p. 39.
  • Martin, Christian, Temps Tôt 37, p. 56-57.