À propos de cette édition

Éditeur
XYZ
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
XYZ 25
Pagination
31-40
Lieu
Montréal
Année de parution
1991
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Embarqué dans un train qui doit le mener à Pandémonium, le narrateur est assailli par le doute. Le paysage extérieur lui semble étrange, de même que le comportement du contrôleur qui refuse de poinçonner son billet. S’est-il trompé de train ? De plus, la chaleur est suffocante et le trajet s’éternise. Son angoisse monte d’un cran quand il voit une passagère à demi nue défiler dans le couloir central. L’attitude du contrôleur ne le rassure guère quand il l’interroge.

Commentaires

L’entrée de Louis Hamelin en littérature a fait grand bruit il y a quelques années. Son premier roman, La Rage, a remporté un prix littéraire majeur. Son deuxième, Ces spectres agités, flirtait avec l’ambiance du fantastique et jonglait avec ses thèmes sans qu’il s’agisse toutefois d’un roman fantastique à proprement parler. Je voulais donc m’assurer à la faveur d’une première lecture rapide qu’il s’agissait bien ici d’une nouvelle fantastique.

Ce n’était pas vraiment nécessaire. Le titre dit tout. Pandémonium : capitale imaginaire de l’enfer, dit le Petit Larousse. Avec ce point de référence explicite, l’auteur lance son récit sur les rails de la métaphore et dépeint une situation fantastique originale grâce à une écriture pleine de ressources stylistiques et d’images peu banales. Les critiques ont souligné la griffe personnelle de cette écriture recherchée. C’est bien beau l’écriture minimaliste mais vient un temps où on en a assez de la nouvelle cuisine. Il faut quelque chose de plus consistant. Louis Hamelin nous l’offre : une écriture riche en calories, volontiers hyperbolique, sinon pompeuse et parfois affectée, mais qui, en même temps, pratique l’autodérision.

L’exemple suivant donne la mesure de cette écriture : « Il parvint ensuite à jeter un coup d’œil à l’extérieur, s’y buta à la même apothéose calorifique et, s’épongeant le front une fois de plus, bouleversant ainsi le réseau des rides qui servait maintenant de déversoir à la cascade des sécrétions, il voulut rassembler ses esprits. »

« Le Voyage à Pandémonium » est une nouvelle intéressante et réussie surtout grâce à son écriture. Son contenu n’est cependant pas à dédaigner, l’auteur ayant parsemé ici et là une série de notations qui renforcent la représentation symbolique de l’enfer : la chaleur suffocante, le temps qui semble une éternité, la soif du passager, le paysage calciné. Seul havre de douceur : une vision d’une partouze sur la plage que longe momentanément le train et le passage éphémère d’une femme lascive quoique laide et vulgaire.

La finale laisse toutefois perplexe. Cette histoire de billet brûlé par le contrôleur et remplacé par un autre billet que le narrateur sort de sa poche apparaît dictée par le thème de cette livraison d’XYZ, Erreur sur le numéro. Elle n’ajoute rien d’utile au propos et à la représentation symbolique de l’enfer.

Une nouvelle particulièrement efficace quand on la lit en autocar ou en train… [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 92-93.