À propos de cette édition

Éditeur
De la Paix
Titre et numéro de la collection
Dès 9 ans - 14
Genre
Fantastique
Longueur
Novelette
Format
Livre
Pagination
128
Lieu
Saint-Alphonse-de-Granby
Année de parution
1999
ISBN
9782921255974
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

Pendant qu’elle berce son petit dernier, la narratrice est emportée par des anges sur leur nuage, Angélica. Chacun des anges est affecté à un enfant du monde (d’ailleurs, l’héroïne rencontre les anges de ses trois rejetons). Ils veulent convaincre la narratrice de faire quelque chose pour les enfants qui vivent dans la misère car le cœur des grandes personnes est relié aux enfants du monde même si, souvent, elles ne le savent pas. Chaque ange raconte à la narratrice les malheurs de l’enfant dont il a la garde. Heureusement, l’héroïne n’a pas à apporter des changements à sa vie, sa plus grande richesse étant sa famille. Pour aider les enfants malheureux, elle peut faire ce qu’elle fait déjà, écrire et conscientiser les gens à ces problèmes.

Lors d’une deuxième rencontre, les anges envahissent la maison de la narratrice pour la plus grande joie de ses enfants et à la grande surprise de son mari. Ils font un gâteau, proposent de former une dentelle autour de la Terre et passent l’Halloween en compagnie des enfants de la narratrice tout en encourageant à donner à l’Unicef à l’occasion de cette fête.

Commentaires

Est-ce vraiment un roman ou une série de péripéties mises bout à bout en ayant seulement l’argument des anges pour les relier ? Le principal problème de ce roman, qui en compte plusieurs, tient à l’apparente incapacité de l’auteure à mener une intrigue, laquelle n’est pourtant ni embrouillée (quoiqu’elle peut en donner l’impression) ni inexistante (même remarque que précédemment). Elle est simplement répétitive et sans intérêt. Par exemple, se le fait-on dire assez souvent que le cœur des adultes est relié à celui des enfants du monde. Cela revient trois ou quatre fois dans le texte.

L’auteure veut trop livrer un message au lecteur. Elle veut partager avec lui plein de bons principes et sa tristesse qu’il y ait des enfants malheureux, toutes choses avec lesquelles on ne peut qu’être d’accord. Nul n’est contre la vertu, mais pour propager des idées sans ennuyer le lecteur, il faut aussi avoir un talent de conteur. C’est pourquoi des écrivains comme Chesterton, C.S. Lewis ou Tolkien, même s’ils étaient croyants et avaient un message à faire passer, écrivaient quand même des livres passionnants car ils étaient suffisamment littéraires et artistes pour savoir faire la différence entre un récit édifiant et un roman. D’ailleurs, on pourrait dire cela de tous les bons écrivains car tous croient en quelque chose et ont une idéologie à transmettre et à partager, qu’il s’agisse du christianisme, de la gauche, de la droite ou même de l’athéisme.

Il est dommage que l’auteure fasse autant œuvre d’édification, car j’aimais bien sa vision plus traditionnelle, plus enfantine des anges. Ceux-ci sont populaires actuellement dans la littérature, mais on dirait que les auteurs québécois se plaisent à couvrir de sang les blanches ailes des enfants du ciel. Peut-être expriment-ils ainsi l’innocence perdue ? Cela dit, les solutions proposées par l’auteure apparaissent peu convaincantes. Qu’est-ce qu’une « dentelle autour de la Terre » ? Une chaîne humaine ? J’admets que cela aurait des effets bénéfiques car ainsi toutes les autoroutes seraient bloquées, ce qui réduirait la pollution le temps que la chaîne durerait. Ce serait un beau geste de solidarité mais je ne vois pas ce que cela changerait concrètement à la situation des enfants du monde.

De plus, j’ai trouvé ridicule la scène dans laquelle les anges se déguisent (comme s’ils en avaient besoin) pour passer l’Halloween. En ce qui concerne les dons à l’Unicef, quand on sait que certaines organisations de charité consacrent une grande partie de leurs revenus à payer les salaires de leurs administrateurs, il est permis d’avoir des doutes sur leur réelle utilité.

Enfin, il y a une dernière chose qui m’irrite fort dans ce livre pétri de vœux pieux et de naïveté, c’est l’insistance que met l’auteure à préciser qu’il n’est pas nécessaire de changer sa vie pour aider les enfants malheureux. Il me semble qu’il y a un peu d’égoïsme là-dedans, comme si on affirmait qu’on peut changer le monde sans rien sacrifier de son confort. Autrement dit, continuons à posséder nos trois autos, nos cinq téléviseurs, consommons, empiffrons-nous. Une partie du malheur de l’humanité ne tient-il pas au fait qu’une minorité accapare la majorité des produits de la planète ? Cette mode de la charité qui ne coûte rien à celui qui la fait m’indispose. [DJ]

  • Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 9-10.

Références

  • Choquette, Lucie, Lurelu, vol. 23, n˚ 1, p. 26.