À propos de cette édition

Éditeur
D'Acadie
Genre
Hybride
Longueur
Recueil
Format
Livre
Pagination
145
Lieu
Moncton
Année de parution
1994

Résumé/Sommaire

Commentaires

Le titre de ce recueil de dix-sept nouvelles en résume parfaitement le contenu. Il est question de voyages, de toutes sortes de voyages, issus parfois du fantastique, quelquefois du monde réel sans intrusion, rarement de la science-fiction : marche dans le désert à la recherche de la fontaine de jouvence (« L’Eau de jeunesse »), voyage sur une planète argileuse (« L’Argile »), voyage d’un corps à un autre grâce à la réincarnation (« Un nouveau-né »), voyage d’une forme à une autre (« Être une fleur »), etc. Comme l’annonce le titre, ces périples sont sans retour… mais pas à tous les coups. Évelyne Foëx, pour guider ses lecteurs, a divisé ce recueil en deux parties.

La première s’intitule Destinations incertaines. Le doute occupe effectivement plusieurs des nouvelles composant cette partie. Dans « Voyage au fond d’un puits », par exemple, nous ne sommes pas très sûrs du type de voyage qu’expérimente la narratrice. Cette narration au « je » permet d’ailleurs de ressentir ce flottement qu’éprouve l’héroïne lorsqu’elle se retrouve dans le puits. La fin ouverte d’« Iris » laisse le lecteur dans le doute. La nouvelle raconte l’histoire d’une jeune mère qui se réveille en ayant vieilli de plusieurs années, ce qui implique qu’elle a raté toute l’enfance et l’adolescence de sa fille, Iris. Cependant, les deux dernières phrases laissent croire que tout cela n’était qu’un mauvais rêve.

De même, dans « La Forêt qui pleut », la reconnaissance de la fillette qui se retrouvait dans le rêve d’un des personnages a de quoi surprendre ceux-ci. Le couple dans la nouvelle « L’Eau de jeunesse » part à la recherche de la source de l’éternelle jeunesse. L’aventure dans laquelle il se plonge est l’illustration même de la destination incertaine : l’homme et la femme recherchent une fontaine dont l’existence est douteuse, ils risquent leur vie en goûtant l’eau de cette fontaine, l’aventure ne se termine pas du tout comme prévu. Bref, tout illustre l’incertitude dans ce récit.

Les nouvelles de la deuxième partie, intitulée à juste titre Extrêmes frontières, traitent toutes de la frontière la plus extrême, la plus définitive, de l’ultime frontière que nous aurons tous, un jour, à traverser : la mort. Même si plusieurs textes de la première partie traitent de ce thème, directement ou indirectement (« Le Ballet des noyés », « Un nouveau-né », « Voyage au fond d’un puits », « L’Eau de jeunesse », « L’Argile », « Traverser le bois »), dans celle-ci, la mort devient le thème principal des nouvelles, qu’elles appartiennent ou non au fantastique et à la science-fiction. C’est ainsi qu’« Après-midi d’octobre dans un jardin exquis » traite ouvertement d’une question délicate : celle du suicide des personnes âgées, qui rappelle, dans la manière de la traiter, celle du suicide assisté, de l’euthanasie. La mort est ainsi banalisée, et ce, même aux yeux de jeunes enfants. Cependant, alors qu’Ariane souhaite le suicide de son grand-père, le vieil homme éprouve encore le goût de vivre.

De l’autre côté, dans la courte nouvelle amusante et attendrissante « Être une fleur », la narratrice, fatiguée de sa condition humaine, souhaiterait bien se suicider, mais elle ne trouve pas la force de passer à l’acte. Ses prières sont toutefois exaucées lorsqu’elle se retrouve transformée en fleur et qu’elle se fait cueillir par un enfant, ce qui lui permet de rendre l’âme. Le suicide est aussi traité dans la touchante nouvelle réaliste « Mourir au printemps », où une jeune femme est sauvée du suicide par un étudiant dont elle tombe amoureuse. Cependant, elle mourra un an plus tard, du sida qui lui a été transmis par l’étudiant en question. Par le rêve, la narratrice de la nouvelle « La Porte au fond du couloir » est conduite, sans vraiment comprendre, vers le lieu où elle doit mourir. Solange, dans la jolie « Symphonie nocturne », est éblouie lorsque ses perceptions s’intensifient, ce qui lui permet de mieux voir, entendre, sentir tout ce qui l’entoure. Une nuit, sous la neige, elle apprend que cette exagération des sens, qui la ravit tant, est le signe que la mort s’en vient.

Ce recueil de Foëx, qui regorge aussi des thèmes de l’enfance et de la jeunesse, est un plaisir à lire. Les textes sont unifiés par des thématiques semblables. La qualité des nouvelles n’est cependant pas toujours égale, mais elles réussissent à nous faire voyager, ici ou ailleurs, ce que nous promet le titre. [LA]

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 82-85.

Références

  • Potvin, Claudine, Lettres québécoises 78, p. 32.