À propos de cette édition

Éditeur
La courte échelle
Titre et numéro de la collection
Roman jeunesse - 96
Genre
Fantastique
Longueur
Novelette
Format
Livre
Pagination
94
Lieu
Montréal
Année de parution
2000
ISBN
9782890214354
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

Jeff est un petit garçon des rues libre comme le vent. Il adore surtout hanter le quartier du port qui lui permet de voir d’innombrables choses intéressantes. Il en veut cependant à Juliette parce qu’elle a décroché l’emploi qu’il convoitait, celui de livreur pour le restaurant Marco di Napoli. Profitant d’une livraison qu’effectue Juliette, il chipe une pizza sur sa moto. La jeune fille se lance aussitôt à sa poursuite. Jeff s’engouffre dans une boutique d’antiquités et aperçoit un étui de violoncelle dans lequel il s’enferme. L’objet étant magique, le garçon se retrouve dans la maison de Regina Calabrese, à Naples. Dissimulé derrière des draperies, il surprend une conversation dans laquelle Regina demande à son employé, Massimo Buzzati, de voler un orgue de Barbarie ancien. Jeff est découvert par la dame mais Massimo le sauve en affirmant qu’il est son neveu. Le garçon demande ensuite à Massimo de lui expliquer pourquoi il lui est venu en aide. Buzzati désire en fait le recruter pour participer au cambriolage de l’instrument.

Pendant ce temps, Juliette n’a pas cessé de traquer le jeune voleur. Elle l’a vu pénétrer dans l’étui et elle fait de même. Elle se matérialise à son tour chez Regina Calabrese. Elle se faufile hors de l’édifice et aperçoit Massimo qui, transportant Jeff dans ses bras, grimpe à bord d’une ambulance. Elle réussit à filer le véhicule avec l’assistance d’un sympathique motocycliste. Elle retrouve enfin Jeff et les deux ont une bonne explication. Ils décident de collaborer pour découvrir comment retourner à Montréal. Auparavant, Jeff accepte de jouer les Arsène Lupin pour le compte de Massimo. Il s’introduit dans le musée de la Musica à travers une fenêtre. En tentant de repérer l’orgue, il s’accroche dans quelques instruments et déclenche aussitôt un boucan de tous les diables qui attire des agents de police. Ils coincent Massimo qu’ils connaissent bien. Heureusement, Regina intervient car, en fait, le musée lui appartient. Elle désirait organiser le faux vol d’un instrument historique de valeur afin d’obtenir un bon montant des assurances et renflouer ainsi les coffres de son entreprise déficitaire.

Jeff et Juliette lui expliquent comment ils sont arrivés chez elle. Elle ne les croit évidemment pas. Néanmoins, Juliette a déduit par quel moyen ils peuvent regagner Montréal. Aussitôt dit, aussitôt fait, ils se retrouvent dans la boutique d’antiquités. Le propriétaire, Marcel Huneault, les interroge. Il a intérêt à savoir comment fonctionne l’étui de violoncelle car sa propre fille y a disparu et n’est jamais revenue. Mais avant que les deux compères n’aient le temps de fournir une explication, la boutique est envahie par d’enthousiastes touristes japonais. Juliette promet de revenir voir Huneault en lui apportant par la même occasion sa pizza préférée. Jeff et Juliette vont ensuite chacun leur chemin, non sans échanger auparavant quelques propos doux-amers. Cependant, Jeff a toujours faim. Il surveille le restaurant Marco di Napoli en se demandant s’il lui serait possible de subtiliser une autre pizza à la jeune fille…

Commentaires

Raymond Plante n’est pas le dernier venu. N’oublions pas qu’il est l’auteur du Dernier des raisins qui est un genre de classique moderne du roman jeunesse québécois. Malgré quelques exagérations comme cet étui dont la vibration évoquerait le bourdonnement des fusées spatiales, ce petit roman est loin d’être mauvais. Précisons cependant que l’étui de violoncelle magique est le seul véritable élément d’altérité des Voyageurs clandestins. Il sert en fait de prétexte pour projeter instantanément les deux protagonistes à Naples. Là, ils vivent une équipée telle qu’on a pu en lire ailleurs. Ce qui est particulier ici, c’est l’action qui est menée tambour battant, sans aucun temps mort, et le ton humoristique constant. Je crois que si j’avais encore huit ou neuf ans, j’aurais adoré ce petit livre à l’intrigue bon enfant et sans fioritures, pourtant moins stupide que celle de nombre de romans jeunesse ou pour adultes que j’ai eu à lire ces dernières années. Raymond Plante sait raconter une histoire sans l’alourdir d’inutiles considérations secondaires qui auraient surtout pour but de plaire aux grandes personnes.

Je crains par contre que certains parents ne s’objectent à son petit côté amoral. Le fait, par exemple, que le vol de l’orgue de Barbarie soit considéré comme justifié puisque c’est pour une bonne cause ou que Jeff accepte de participer à ce larcin ou encore, que le vol de la pizza soit raconté comme un épisode comique. Présumons que les enfants ne sont pas idiots et qu’ils vont bien comprendre qu’il s’agit d’aventures burlesques et non de modèles à suivre. En tout cas, on est loin des romans scouts aux protagonistes exemplaires de mon enfance.

Les personnages sont bien campés quoique tous caricaturaux à des degrés divers. Jeff est un vrai petit garçon des rues genre Gavroche, esprit libre et indépendant, délinquant mais sans méchanceté. Juliette fait contrepoids, elle est plus réactionnaire mais n’en est pas moins dynamique et courageuse. Elle sait ce qu’elle veut et n’hésite pas à foncer. L’antagonisme entre ces deux individus constitue un des intérêts de ce roman.

Les titres des chapitres sont quelquefois tape-à-l’œil, conçus pour frapper l’imagination du lecteur, comme « La femme qui ressemble à un volcan » ou « La cantatrice chevelue ». L’auteur, à la manière de J. K. Rowling, conserve, malgré une intrigue fantaisiste, une logique sans failles digne d’un roman policier en expliquant pourquoi les deux héros se sont retrouvés à Naples plutôt qu’ailleurs et comment ils s’y prennent pour revenir à Montréal. Le tout se termine par contre un peu en queue de poisson et laisse présager une suite. [DJ]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 137-138.

Références

  • Anonyme, Lettres québécoises 104, p. 59.
  • Clément, Michel-E., Lurelu, vol. 23, n˚ 3, p. 30.