À propos de cette édition

Éditeur
XYZ
Titre et numéro de la collection
L'Ère nouvelle
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Coincés
Pagination
123-135
Lieu
Montréal
Année de parution
1993

Résumé/Sommaire

Après la tuerie de Polytechnique, une étudiante mijote un plan secret en vue d’éliminer tout désir sexuel chez les hommes. Elle conçoit un casque qui permet de lire le cerveau par scanner et de toucher les cellules par rayon laser. La jeune femme ouvre un commerce pour voyeurs. Installés dans des cabines individuelles, le casque sur la tête, les hommes sont excités par de jeunes filles. Enfermée dans son bureau, devant ses écrans, l’étudiante active au moment opportun le rayon laser. Elle peaufine son plan, invite des hommes chez elle. Mais un soir, elle est attaquée. Elle tue l’agresseur et est condamnée, faute de témoin.

Commentaires

La violence extrême côtoie souvent la folie. Les êtres qui ont été victimes ou témoins d’agression le savent. La tuerie de Polytechnique l’a aussi montré. Un homme a jeté sauvagement quatorze filles dans la mort, quatorze familles dans la douleur, un peuple dans la consternation. Dans cette nouvelle de science-fiction, Gérard Gévry s’inspire du massacre de Polytechnique pour interroger une autre forme de violence, plus sournoise, liée à la recherche médicale. Gévry revient à l’éternelle question de la science sans conscience, remettant en cause l’éthique des chercheurs. En effet, selon quel principe moral un scientifique peut-il se donner le droit de trafiquer le cerveau d’un individu, de modifier un comportement jugé « déviant » ?

Le personnage féminin de « Voyeurs demandés » est assuré du bien-fondé de son intervention. Ne désire-t-elle pas éliminer la violence faite aux femmes par les hommes ? L’idée ne va pas sans rappeler certaines pratiques actuelles : on sait que des chercheurs étudient le cerveau de prisonniers, d’hommes violents, de malades mentaux dans le but de corriger les déviances. Le danger d’une manipulation qui outrepasserait les limites est omniprésent.

Gérard Gévry a choisi un sujet intéressant qu’il n’a malheureusement su traiter avec nuance. L’auteur met l’accent sur la mise en place du plan, sur la description d’un appareillage plutôt simpliste. Le scénario manque de cohérence : comment une jeune fille, seule et sans expérience, peut-elle atteindre un tel niveau de compétence tant du côté de la médecine que de l’ingénierie ? Une équipe de chercheurs aurait peut-être pu s’acquitter d’une telle tâche… Et encore… De plus, la psychologie du personnage féminin n’est en aucune manière approfondie. Même la folie de sa vengeance n’est pas sentie. Enfin, les rebondissements sont mal amenés et la chute finale tient de l’anecdote, ce qui réduit l’impact de la nouvelle.

Bref, hormis le thème abordé qui incite à la réflexion, « Voyeurs demandés » présente fort peu d’intérêt. [RP]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 89-90.