Wagon de queue (Le)

Un homme a une crise de panique dans un train arctique et cherche à gagner le wagon de queue afin de prendre une bouffée d’air. Arrivé, il remarque un écriteau interdisant d’allumer. Il fait froid dans le wagon, et tout semble couvert de glace. L’homme gratte une allumette, avant de constater avec effroi que le wagon, semblable à un igloo, est fait de neige. La chaleur de la flamme fait s’effondrer la structure, et l’homme se trouve à demi enseveli, le train s’éloignant au loin.

Ce petit conte plein de naïveté serait génial s’il s’était agi d’un conte. Puisque ce n’est pas un conte, je ne dirai donc pas qu’il est génial. Cette très courte nouvelle (1/3 page) souffre conséquemment de son trop-plein de sérieux. Ce train avec son wagon en neige est une idée intéressante, pleine d’une poésie certaine, qui aurait pu faire un joli conte féerique, mais il ne réussit jamais à émerveiller le lecteur, comme si l’auteure avait voulu rattacher son récit au mauvais genre, en tentant une approche plus fantastique. En cherchant le mystère et l’inquiétant, le récit a complètement occulté la magie naïve et baroque de ce train avec son wagon de neige. C’est franchement dommage, parce que l’idée s’apparente beaucoup à celle derrière la bande dessinée Le Transperceneige de Lob et Rochette, publiée six ans plus tard et qui a inspiré le blockbuster de 2013. Là toutefois s’arrêtent les similitudes, car nulle part dans le récit de Doray n’a-t-on d’indices d’un univers post-apocalyptique, et les desseins de ce mystérieux train (autant que sa destination) restent d’ailleurs inconnus. [MRG]

• Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 176.