À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
La courte échelle
Titre et numéro de la série
Maxime
Titre et numéro de la collection
Roman jeunesse - 31
Genre
Science-fiction
Longueur
Novelette
Format
Livre
Pagination
95
Lieu
Montréal
Année de parution
1991
ISBN
9782890211650
Support
Papier

Résumé/Sommaire

En revenant de l’école, Maxime trouve un chat abandonné au pied d’un arbre dans le parc. Il décide de l’emmener chez lui même s’il sait que son père est allergique aux poils d’animaux. Maxime a toujours rêvé d’avoir un chat et il entend bien cette fois-ci conserver l’animal, tant il est tombé sous le charme de ses yeux émeraude. Le jeune garçon découvre peu après que le chat en question n’est qu’une enveloppe corporelle qu’a dû choisir un être immatériel, venu d’un univers parallèle, qui s’est égaré dans notre monde. Afin de ne pas être séparé de son protecteur, Émeraude guérit l’allergie du père de Maxime.

Mais le bonheur de l’enfant n’est pas complet puisque son ami Pouce, à l’issue d’une défaite humiliante au hockey, saute dans la face de Maxime et lui dit qu’il ne veut plus le voir. De plus, Jo, sa meilleure amie, lui envoie une lettre dans laquelle elle lui avoue ne plus l’aimer. Maxime se demande pourquoi tous ceux qu’il aime lui refusent soudainement leur affection. Ayant appris que Jo a été renversée par une automobile, Maxime se rend la visiter à l’hôpital. La fillette regrette la lettre de rupture qu’elle a écrite comme poussée par une force extérieure.

Maxime se souvient alors des conversations qu’il a échangées avec Émeraude et des dons que l’extraterrestre possède. Il comprend qu’il a été manipulé et qu’Émeraude est responsable du vide créé autour de lui pour s’approprier toute son affection. Comme il va porter le chat où il l’a trouvé, la mamanpapa de l’entité immatérielle interpelle Maxime pour lui expliquer que celle-ci n’est qu’un enfant et qu’elle a agi ainsi parce qu’elle avait peur.

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Commentaires

Contrairement à la série des Inactifs qui mise sur une science-fiction explicite fortement ancrée dans la réalité sociale, les aventures qui mettent en scène le jeune Maxime courtisent davantage le fantastique ou la soft SF. Ainsi, dans Les Yeux d’émeraude, l’extraterrestre n’a pas de corps : c’est une entité immatérielle qui prend la première forme corporelle qui se présente, soit un chat. La nature de cet être venu d’un autre univers présente plusieurs avantages sur le plan romanesque.

D’abord, l’auteur n’a pas besoin de le décrire, évitant ainsi les clichés. Ensuite, en lui prêtant la forme d’un chat, l’auteur trouve le moyen d’aborder un sujet qui ne laisse pas indifférent les enfants de tout âge : la présence, dans la maison familiale, d’un animal qui devient le confident des petites et grandes peines et le fidèle compagnon d’existence. Je ne connais pas beaucoup d’enfants qui n’aiment pas les chats ou autres animaux domestiques. Les Yeux d’émeraude fera certes vibrer une corde sensible chez le jeune lecteur si j’en juge par l’efficacité avec laquelle ce récit a su faire surgir dans ma mémoire des souvenirs d’une enfance à la campagne entourée de chats.

Mais là où le récit de Denis Côté transcende l’anecdote, c’est dans l’analyse de l’amour exclusif qui peut faire plus de tort que de bien à celui qui en est l’objet. Ainsi, l’être qui prend la forme du chat Émeraude souffre tellement d’insécurité qu’il veut s’approprier tout l’amour de Maxime. Il croit, parce qu’il a encore peu l’expérience de la vie, que l’affection s’appauvrit quand elle est partagée entre plusieurs êtres (Prune et Hugo, les parents de Maxime, Jo et Pouce) alors que c’est plutôt le contraire qui se produit.

À cette petite leçon de morale s’ajoute une mise en garde contre la manipulation et le viol de la pensée. Émeraude a le redoutable pouvoir de lire les pensées les plus secrètes de Maxime. Ainsi, il lui fait croire qu’il serait une fille s’il avait un corps humain comme lui et il se présente dans l’esprit de Maxime sous les traits de la jeune fille qui incarne aux yeux du garçon l’image de la beauté même. Plus tard, Maxime apprendra qu’il a été berné par l’extraterrestre qui a abusé de sa confiance.

Les Yeux d’émeraude est un roman étonnant puisque le message qui s’en dégage témoigne davantage d’un parti pris pour la lucidité et le bonheur quotidien que pour la rêverie et les illusions lénifiantes. « J’ai vécu ces journées-là au milieu d’un brouillard. Un brouillard rose qui sentait bon. Mais c’était un brouillard quand même. Le temps ne comptait plus. Mes rêves écrabouillaient la réalité. » On comprend que Maxime désavoue cet état qui, sans qu’il n’en soit jamais fait mention par l’auteur, peut se comparer à celui dans lequel se trouve toute personne qui fuit la réalité au moyen des drogues. Mais n’allons pas trop loin dans l’interprétation du roman de Denis Côté et contentons-nous de souligner la sensibilité dont il fait preuve.

L’auteur sait trouver les mots qu’il faut pour exprimer les émotions qui agitent le cœur de son jeune héros. Il le fait avec juste ce qu’il faut de pudeur ou d’humour : « Des étoiles se sont allumées au bord de ses paupières. » « On appelle ça des larmes. Ça arrive aux humains lorsque leur peine déborde. C’est une catégorie très spéciale d’inondation. » Denis Côté n’est jamais à court d’images qui parlent aux jeunes : « Puis mes parents se sont regardés sans un mot. Longtemps. On aurait dit une cassette vidéo bloquée sur PAUSE. »

Avec de tels atouts en main, il n’est pas étonnant que Denis Côté ait autant de succès auprès des jeunes. Sans mièvrerie, il laisse les émotions affleurer. Et puis, assez parlé ! Mon chat Flaubert vient de monter sur mon bureau et réclame mes caresses. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 62-64.

Références

  • Adam-Vézina, Élodie, Nuit blanche 47, p. 27.
  • Anctil, Mélissa, imagine… 58, p. 123.
  • Côté, Jean-Denis, Québec français 84, p. 21.
  • Legault, Daniel, Lurelu, vol. 14, n˚ 3, p. 16-17.
  • Lortie, Alain, Solaris 98, p. 62.
  • Murray, Diane, Des livres et des jeunes 42, p. 41.
  • Sarfati, Sonia, La Presse, 11-08-1991, p. C 2.