À propos de cette édition

Éditeur
L'instant même
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Insulaires
Pagination
25-31
Lieu
Québec
Année de parution
1996

Résumé/Sommaire

Montana Malone est fascinée par la silhouette d’un homme qu’elle vient d’apercevoir par-delà les fortifications de York. Elle le suit à distance et se présente à l’une des portes de l’enceinte où un garde lui interdit l’entrée. Elle se rend à la deuxième, puis à la troisième porte de la ville fortifiée sans plus de succès. À la quatrième et dernière, le garde s’écarte et elle monte au sommet de la muraille où se tenait l’homme il y a un instant mais celui-ci a disparu.

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Commentaires

« York’s Bar » est une nouvelle étrange qui se prête à différentes interprétations car plusieurs questions demeurent sans réponses. Est-ce une histoire de réincarnation ? L’instance narrative mentionne dans le deuxième paragraphe de la nouvelle : « Il lui fallait retrouver ce qu’elle avait perdu, il y avait de cela une vie, peut-être deux. » Le « fantôme » qu’elle poursuit est celui de Nigel Manley, peut-être un ancien amant.

On ne sait trop, à la fin, ce qui arrive à l’héroïne. Est-elle morte ? « À la vérité, elle n’éprouvait plus la moindre sensation. » Elle a réussi à entrer dans l’enceinte de York, mais n’est-ce pas pour son plus grand malheur ? Et ce malheur, ne serait-ce pas le mariage dont l’enceinte – elle ne peut plus désormais en sortir – serait la métaphore ? Dès les premières lignes, cette phrase : « Et Montana Malone refusait de verser une larme ; personne ne lui ferait épouser Loth. » Puis, à la fin, une fois entrée dans York, Montana « ne se rendit pas compte qu’elle pleurait ». Le mariage comme agent déterminant la condition humaine revient dans plusieurs nouvelles de Lahaie.

Par ailleurs, les quatre portes par lesquelles Montana tente d’entrer dans York sont des portes temporelles qui ouvrent sur autant d’époques différentes marquées par le changement de nom de la ville : Eboracum (Mickelgate Bar), défendue par un légionnaire romain ; Eorfowic (Walmgate Bar), gardée par un gentleman anglais ; Jorvik (Monk Bar), surveillée par un Viking et York (Bootham Bar), au pied de laquelle est posté un chevalier. En définitive, Montana Malone n’est-elle pas un fantôme qui hante la ville alors que la silhouette humaine appartiendrait au monde des vivants ? Chez Lahaie, le monde des morts et celui des vivants cohabitent, s’interpénètrent même.

« York’s Bar », on le voit, est une nouvelle très riche, dont le climat d’étrangeté la rattache au courant du réalisme magique et qui n’est pas sans évoquer, par ses strates historiques et sa représentation du temps, certaines nouvelles de Claude Mathieu, un Claude Mathieu qui aurait baigné dans la littérature anglo-saxonne plutôt que dans la culture gréco-romaine. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 110-111.