À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 114
Pagination
17-19
Lieu
Ville-Marie
Année de parution
1995
Support
Papier

Résumé/Sommaire

C’est le printemps et la narratrice, dernière représentante d’une espèce inédite mais d’allure humaine, semble-t-il, et exclusivement féminine – les Yvanelles du titre –, sort de son hibernation. Créature animée essentiellement de visées prédatrices, si elle se réveille, c’est dans le but de se nourrir et de venger ses compagnes disparues.

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Commentaires

Dans cette très brève nouvelle, Annick Perrot-Bishop, une habituée de la publication en revues, pratique l’art de la concision avec un brio consommé. Le décor étant planté de façon minimaliste, on ne saura pas grand-chose de la narratrice, ni de la cité d’Agmur, le monde aux résonances archaïques mis en scène ici, ni du peuple des Yvanelles. À quoi « ces sorcières fabuleuses qui ont un jour basculé sur la pente du temps » ressemblent-elles, et pourquoi les habitants d’Agmur les ont-ils chassées de la cité, puis massacrées ? Mystère. En tout cas à ces habitants, la narratrice, usant en cela de (ses) charmes et autres envoûtements, s’emploie à infliger le même sort.

Ce n’est cependant pas à un jeu de massacre que nous convie Annick Perrot-Bishop, loin s’en faut. L’homme rencontré dans la forêt en ce jour de printemps vient d’un très lointain ailleurs et, à la plus grande surprise de la narratrice elle-même, draine avec lui un « monde de raffinements et de pensées subtiles » que celle-ci « voudrai[t] apprivoiser, posséder, aimer ». Dès lors le récit, bien qu’il ne perde jamais sa dimension fantastique, devient l’évocation d’une rencontre sensuelle, rencontre que l’auteure se fait fort de narrer sur un mode allusif, et d’un apprivoisement en effet.

Avec ses « sorcières » et ses deux camps sexuels nettement clivés, « Les Yvanelles » se lit d’emblée comme une métaphore des relations hommes-femmes à l’ère postféministe : un thème assez usuel chez les praticiennes du fantastique et de la science-fiction, auquel Perrot-Bishop ménage toutefois un traitement fort intéressant. Ainsi la nouvellière a su installer un climat d’onirisme et d’étrangeté qui n’est pas sans exercer une certaine fascination. Il faut également relever l’écriture elliptique et tout en finesse, intimiste, même, et aux accents parfois non dénués de lyrisme. En somme le fantastique tient ici à la création et à l’instillation d’une atmosphère, beaucoup plus qu’à des conventions de genre littéraire. Et le terme « subtilité » est sans doute celui qui convient le mieux à cette écrivaine d’origine vietnamienne qui, après avoir transité par la France, vit maintenant dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador. [FB]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 151.