La démocratisation de la culture a eu des effets sur toutes les formes d’expression artistique. La littérature n’y échappe pas. On peut sans doute mettre sur le compte de la volonté gouvernementale de rendre la culture plus accessible l’apparition du phénomène de la prolifération des jeunes adolescentes qui publient des romans. À moins que ce ne soient les éditeurs de littérature jeunesse qui, cherchant à élargir sans cesse leur clientèle et à proposer des œuvres en phase parfaite avec les préoccupations des jeunes, poussent la logique jusqu’à confier leur avenir à des auteurs au début de l’adolescence.

Alexandra Larochelle incarne l’essence de ce phénomène. Elle avait onze ans quand est paru le premier tome de sa série Au-delà de l’univers, en 2004. Pourquoi elle et non pas Jessica Tang (treize ans au moment de l’écriture de L’Âme clé), Roxanne Lamontagne (douze ans au moment de la parution du premier tome des Chroniques de Dragonis), Miruna Tarcau, Sarah-Olivia Wolf, Julie Bélanger ou Marie-Ève Lacasse ? D’abord, parce qu’elle a débuté très jeune et que sa série comptait déjà six tomes en 2007. De plus, Alexandra Larochelle a tenu pendant quelques années une chronique de livres dans le magazine Entre les lignes et elle a agi comme ambassadrice de la lecture auprès des jeunes. 

Son écriture n’est pas encore personnelle, loin s’en faut, et Alexandra Larochelle ne réinvente pas le genre fantastique. Quelque chose, cependant, nous dit qu’il ne s’agit pas d’une étoile filante… De fait, au début de la vingtaine, elle revient à l’écriture romanesque dans un tout autre registre, tout en travaillant en idéation, en conception et en scénarisation dans l’univers des jeux vidéo et de l’animation jeunesse.