À propos de cette édition

Éditeur
Du Jour
Titre et numéro de la collection
Les romanciers du jour - 86
Genre
Hybride
Longueur
Recueil
Format
Livre
Pagination
154
Lieu
Montréal
Année de parution
1972
Support
Papier

Résumé/Sommaire

[7 FA ; 2 SF ; 11 HG]
Le Singe survivant
Parallèlement
L'Homme aux deux jambes de bois
La Fourmi extrême
Le Cirque de Joséphyne
Une rencontre chez les choses
Pour revivre un peu les soucis
Les Trois sommeils d'Antonio
Une merveille du monde
L'Heure
Les Lumières aveugles
Un tirage au sort
À propos d'une musique
La Bête plate
L'Ampoule
La Paix dans les familles nombreuses
Le Cirque Antonio
Les Visites de famille
Les Ventres et les chapeaux
La Tristesse des soupers de famille

Commentaires

Ce recueil de vingt textes pose plusieurs défis au lecteur qui a des attentes de base, comme de terminer un texte en sachant à peu près de quoi il y a été question. Sinon à chaque fois, du moins dans la majorité des cas. Ou encore tirer de cette expérience une satisfaction intellectuelle ou esthétique – ne parlons même pas d’avoir aimé le livre, attente triviale s’il en est.
Relevant du fantastique ou de la SF, ou pas, ce sont des « récits » déroutants, qui ne supportent pas une lecture paresseuse, mais qui ne récompensent pas une lecture attentive ni même une relecture. Phrases elliptiques, grammaticalement incomplètes, ponctuation parcimonieuse ou inexistante dans certains textes, excessive dans d’autres, narration passant sans complexe du « je » au « il », cela s’avérant sans importance comme le reste.
Certaines de ces nouvelles, comme plusieurs phrases de Louis-Philippe Hébert, s’interrompent avant d’avoir fait sens. J’aurais pu éviter cet anglicisme en écrivant que plusieurs de ces récits sont proprement insensés, en ce qu’ils ne fabriquent (ou ne génèrent) pas de sens, ni en première ni en seconde lecture. Leur auteur ne paraît pas non plus avoir souhaité y insuffler du sens. C’est au point où, quand se présente l’un des rares textes offrant une lecture suivie, pour la longueur de quelques paragraphes, le lecteur se redresse, soudain stimulé, se demandant si ça durera, si au terme du parcours il sera enfin en mesure de dire à un interlocuteur imaginaire ce que racontait ce récit (« Un tirage au sort ») ou, plus généralement, de quoi il y était question.
Dans de très rares cas, le titre éclaire la nouvelle. Plus souvent, la table des matières ne nous est d’aucun secours : il y a rarement un rapport entre un titre donné et le « récit », qui du reste en est rarement un.
Mais qu’en est-il de l’écriture ? On peut la qualifier de poétique par moments, foisonnante d’images singulières, baroques ou cauchemardesques, à l’occasion outrancières. Des récurrences accrochent l’œil, faisant office de lucioles à défaut de nous éclairer : le mou ou la mollesse, l’eau et le sang, les fruits et les œufs, les bouches, la dévoration et l’avalement, les chapeaux, les balles, les singes, les corps (inanimés ou pas)… Et Antonio, un nom qui surgit dans trois textes sans jamais désigner la même personne, ni même nécessairement une personne.
Dans le tome V du Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec (DOLQ), l’universitaire Michel Lord, pourtant bien disposé envers toutes les formes d’expérimentation, concluant la critique combinée de trois recueils d’Hébert, écrivait au sujet de Récits… : « L’auteur continue d’y secouer les formes admises de la représentation narrative, bien que certains textes y soient nettement moins hermétiques et plus narratifs que dans les deux autres œuvres. » (p. 780) Je n’ai pas eu la curiosité masochiste d’aller voir comment des textes pouvaient être plus hermétiques que « L’Heure » ou moins narratifs qu’« À propos d’une musique ».
Voici un résumé des huit textes pouvant relever de la SF ou, plus souvent, du fantastique. Michel Lord, dans le DOLQ, écrivait : « On aurait fort à faire pour résumer ces […] œuvres, où l’expérimentation textuelle et formelle se révèle plus importante que le contenu narratif. » (p. 779) Renonçant à résumer intelligemment « L’Heure », j’avais noté ceci, qui finalement s’applique à plusieurs des nouvelles : vingt lecteurs pourraient tenter vingt comptes rendus de ce texte, et ces résumés auraient bien peu en commun – si même les vingt volontaires parvenaient tous à finir leur lecture. [DS]

  • Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 264-266.

Références

  • Anonyme, Dictionnaire des écrits de l'Ontario français, p. 724.
  • Janelle, Claude, Solaris 32, p. 30.
  • Lord, Michel, Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec V, p. 779-780.