À propos de cette édition

Éditeur
Meera
Genre
Hybride
Longueur
Recueil
Format
Livre
Pagination
176
Lieu
Val-d'Or
Année de parution
1987
Support
Papier

Résumé/Sommaire

[5 FA ; 1 SF ; 6 HG]
Symphonie pour une main
Ne touchez pas à l’échelle du voisin !
Dans l’...
À l’aide !
Printemps 52 ou le Dernier amour de papa
Boucle-la, bougre de...
Ah la vache !
Le Mur
Dormez, je le veux !
Journal de l’impossible
Il était temps que vous sachiez comment ça s’est passé !
La Froidure

Commentaires

Décidément, et pour notre malheur à tous, Claude Boisvert reprend là où il a laissé en 1985 avec Rocamadour, suivi de Diogène, récits humoristico-fantastiques. Dans ce nouveau recueil, il nous propose une douzaine de textes qui, s’ils ne touchent pas tous aux domaines recensés dans ces pages, ne s’en éloignent que de très peu.

Si je parle de malheur, c’est que les travers que nous avions notés voici quelques années semblent prendre le dessus chez l’auteur. L’écriture, loin de s’améliorer, tend vers le ragot, la futilité, le verbiage sans signification. En fait, une grande majorité du livre se présente comme un interminable soliloque des différents narrateurs qui se veut plus ou moins humoristique et frondeur mais qui, chez le lecteur – en tout cas chez moi ! – ne laisse qu’une sensation de désarroi : l’auteur, derrière son paravent, n’aurait-il donc plus rien à dire ?

Car Boisvert tourne autour des faits, des idées, se refuse à toute visualisation. Cahin-caha, affectant la décontraction mais ne réussissant pas à cacher la raideur de son imaginaire, il entraîne son lecteur dans des digressions interminables et ennuyeuses… Ainsi, dans « Dormez, je le veux ! », nous sommes supposés assister au plus grand spectacle d’hypnotisme jamais présenté. Eh bien, pas une fois l’auteur ne daigne nous décrire ce qu’il s’y passe. Le lecteur a droit à une suite sans fin d’impressions, de constatations faites par des tierces parties – qui ne sont jamais visuelles ou directes – et en aucun temps nous n’apprendrons quoi que ce soit sur le spectacle. Sauf pour le dernier numéro, le plus grandiose nous dit-on, consistant à endormir la foule du Colisée et tous les téléspectateurs. Comme chute d’intérêt, on ne peut mieux ! D’ailleurs, cette obsession pour la dissimulation court tout au long du recueil, tant dans la manière de l’écrivain que chez ses personnages ou dans les situations présentées. Cette thématique aurait pu être intéressante si autrement abordée : dans Symphonie pour une main, elle agace, horripile.

Quant au ton généralement adopté, il vaut ce que l’écriture vaut, c’est-à-dire bien peu. L’éditeur aurait eu avantage à faire retravailler le manuscrit. Comme s’il savait inconsciemment que ses sujets manquent de conviction, Boisvert écrit à rallonge, appuyant pesamment sur ses effets, comme s’il s’adressait à des lecteurs peu subtils. Et ces éternels jeux de mots fades, et cette volonté d’imager certaines figures de style ou expressions populaires pour les convertir en idées motrices de plusieurs textes. Prenons quelques exemples : l’échelle de Richter, dans « Ne touchez pas à l’échelle du voisin ! » ; le mur du son, dans « Le Mur » ; avoir le compas dans l’œil, dans « Dans l’… » Les traitements sont tellement anodins, artificiels ou simplistes que vraiment, non, je ne marche pas !

Mais il n’y a pas que de mauvaises nouvelles dans ce recueil et « Journal de l’impossible », où on assiste à une dégradation angoissante et « La Froidure », récit d’outre-tombe assez pathétique, font bonne figure à travers le reste. Mais c’est trop peu pour parler en bien de ce recueil décevant. [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 42-44.

Références

  • Grégoire, Claude, Québec français 67, p. 88.