La déferlante des Chevaliers d’Émeraude a pris naissance en 2002. Du moins est-ce la date de la parution du premier tome de cette œuvre-fleuve qui en compte douze au total. Mais une œuvre d’une telle ampleur – plus de 5800 pages – ne naît pas spontanément, quelle que soit sa qualité littéraire. Sa genèse remonte à de nombreuses années auparavant, comme l’a mentionné l’auteure en entrevue.

Les amateurs « purs et durs » de science-fiction et de fantasy argueront que le style est plutôt quelconque, que l’œuvre ne brille guère par son originalité et qu’elle est portée par la vague déclenchée par le raz-de-marée Harry Potter. Un fait demeure, incontestable : les livres de la série Les Chevaliers d’Émeraude se vendent ! Le phénomène n’est pas que québécois. La série est traduite en plusieurs langues : polonais, italien, allemand, espagnol. Mais ce qui étonne le plus, peut-être, c’est son succès en France même, où elle est publiée chez Michel Lafon.

L’édition québécoise tient là un vrai succès populaire, tant mieux ! Aussi est-il opportun d’analyser les facteurs à l’origine de ce phénomène commercial. Les Chevaliers d’Émeraude ont certes profité du battage médiatique provoqué par la série Harry Potter, qui a créé une demande pour la fantasy. Qui plus est, le début de la publication de la série d’Anne Robillard a pratiquement coïncidé avec l’adaptation, au cinéma, de la trilogie de J. R. R. Tolkien, Le Seigneur des anneaux, considérée comme l’œuvre fondatrice du renouveau moderne de la fantasy. En outre, l’auteure a su attirer l’attention en s’entourant d’un groupe de fervents admirateurs de la première heure endossant les costumes de ses personnages dans les lancements de ses opus et les salons du livre.

Les conditions du marché étant on ne peut plus favorables, nombreux sont les éditeurs québécois qui ont vu dans cet engouement des lecteurs – surtout des lectrices, en fait – pour la fantasy une occasion de réaliser rapidement un bénéfice. Résultat : le genre souffre de surproduction, et la qualité des œuvres est pour le moins inégale.

Bien qu’il se soit publié des romans de fantasy au Québec avant Anne Robillard, notamment Ludovic de Daniel Sernine et la tétralogie de Joël Champetier, qui explore l’univers de Contremont, c’est sa série qui aura fait connaître le genre au grand public. Il serait cependant abusif de la considérer comme une œuvre fondatrice de la fantasy québécoise – ce que n’a jamais prétendu Anne Robillard, soyons juste.

C’est une véritable PME littéraire qu’Anne Robillard a édifié au fil des ans, avec la suite de sa première série, Les Héritiers d’Enkidiev (12 tomes), et la suite de la suite, Les Chevaliers d’Antarès (11 tomes). Et c’est sans compter la saga A.N.G.E. (10 tomes), qui touche plus directement cette fois la science-fiction. 

 

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