Le seul fait d’avoir écrit quatre contes fantastiques – des écrits de jeunesse, de surcroît – ne justifierait pas la publication d’un portrait consacré à Édouard-Zotique Massicotte. Le personnage est surtout connu comme folkloriste, car il a consacré une partie de sa vie à recueillir des légendes et des chansons. Mais il est aussi l’auteur d’une anthologie, rééditée à quelques reprises depuis sa première édition en 1902, qui réunit la crème des écrivains fantastiques du XIXe siècle. Ils y sont tous : Louis Fréchette, Honoré Beaugrand, Faucher de Saint-Maurice, Joseph-Charles Taché, Pamphile LeMay, Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, Louvigny de Montigny.

Conteurs canadiens-français du XIXe siècle présente vingt-quatre textes de seize auteurs différents. Les contes fantastiques constituent au moins la moitié du contenu de l’anthologie, ce qui en fait le premier ouvrage du genre à offrir un tel aperçu de la production fantastique du XIXe siècle. Le compilateur y note dans la préface que « les revenants, les feux follets, les lutins, les loups-garous et les autres mythes se canadianisèrent » au cours des décennies précédentes et témoigne par là qu’il est bien conscient du substrat fantastique de son choix de textes.

Modeste, Édouard-Zotique Massicotte ne figure pas au sommaire. Il n’y aurait pourtant pas usurpé sa place avec « Le Loup-garou ». Il a préféré la version de Benjamin Sulte – qui n’est pas fantastique – et celle de Louvigny de Montigny. Pourtant, son conte comporte des variantes intéressantes qui ne remettent pas en question le schème traditionnel de ce récit fortement ancré dans l’imaginaire populaire mais lui donnent une couleur particulière, l’amour étant le catalyseur de la métamorphose du protagoniste. De plus, comme les conteurs de l’époque aimaient bien le faire, l’auteur y met en scène un personnage de conteur, le père Belot, qui revient dans différents textes.

Avec Massicotte, nous nous trouvons à la frontière de la littérature et de l’ethnologie, comme le rappellent ses deux premiers contes, « Le Bois d’Hoboken » et « L’Héroïne de Louisbourg », inspirés d’épisodes historiques transformés en légendes. C’est sur le terrain de l’ethnologie, dont il est un des pionniers, qu’Édouard-Zotique Massicotte fera sa marque.