À propos de cette édition

Éditeur
Québec/Amérique
Titre et numéro de la collection
Clip - 10
Genre
Hybride
Longueur
Collectif
Format
Livre
Pagination
189
Lieu
Montréal
Année de parution
1992
ISBN
9782890376144
Support
Papier
Illustration
Frédéric Eibner

Résumé/Sommaire

[1 FA ; 3 SF ; 1 HG]
La Fourgonnette psychédélique, de Daniel Sernine
Muerta del Sol, de Carmen Marois
Un bateau sur le fleuve, de Francine Pelletier
Petite Peste, de Joël Champetier
Convoyeur d'âmes, d'Yves Meynard

Commentaires

Qu’est-ce qui fait qu’une anthologie est réussie ou non ? La qualité des auteurs réunis ? L’originalité du thème imposé ? La compétence de l’anthologiste ? Le hasard ? Sans doute un peu tout cela. Par chemins inventés avait au départ tous les atouts en main pour être une réussite éclatante. Cinq auteurs de métier : Daniel Sernine, Francine Pelletier, Carmen Marois, Joël Champetier et Yves Meynard. Le thème, celui du voyage ou des moyens de transport, sans être d’une originalité renversante, présente suffisamment de possibilités pour donner lieu à des textes enlevants et intéressants. Alors, qu’est-ce qui fait que l’anthologie déçoit ? Francine Pelletier, qui en avait la responsabilité, a-t-elle été assez exigeante ?

Le seul texte qui s’impose vraiment dans l’ensemble est celui d’Yves Meynard, « Convoyeur d’âmes ». L’auteur assume parfaitement le thème du voyage et en fait une composante essentielle de sa nouvelle. Le voyage à pied de son personnage principal, Pallas, traduit sa condition humaine tout en ayant valeur de découverte de son identité individuelle et collective. Le récit n’est pas spectaculaire en soi mais il est porteur d’une grande sagesse sans être moralisateur. En outre, il ne cherche pas particulièrement à plaire aux adolescents. Il s’adresse à tous les publics.

Daniel Sernine a su également assimiler le thème et le détourner en misant davantage sur le voyage temporel que sur le déplacement dans l’espace. À bord de sa fourgonnette psychédélique, il convie le lecteur à une visite commentée de l’époque du « flower power », de la contre-culture et du mouvement hippie qui correspond à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix. Retour nostalgique sur une époque qui n’a pas tenu ses promesses d’amour universel, de paix et d’harmonie avec la nature. Cette nouvelle remuera des souvenirs chers aux baby-boomers tout en rappelant quelques vérités utiles aux jeunes d’aujourd’hui qui rêvent peut-être, eux aussi, de changer le monde. Un récit sympathique dans lequel le désenchantement est tempéré par un espoir modéré en l’avenir, le tout inscrit sous la figure emblématique du pape de la génération beat, Jack Kérouac, qui fait le lien avec les années cinquante.

Plus convenue est la nouvelle de Joël Champetier, « Petite Peste », qui met en scène une adolescente aux prises avec des mutins qui cherchent à s’emparer d’un vaisseau spatial en route vers la Terre afin de servir les intérêts politiques d’une colonie qui veut négocier son indépendance. L’auteur ne fait qu’esquisser cette toile de fond politique, le récit étant davantage concentré sur les péripéties qui entourent la lutte de l’héroïne contre les mutins. Même si l’intrigue est menée de façon adéquate, Joël Champetier nous a habitués à des récits plus personnels qui abordent des thèmes autrement plus percutants.

Francine Pelletier imagine pour sa part un récit à connotation policière sur un bateaubus qui fait le trajet Montréal-Québec. Les routes sont tellement en mauvais état dans ce Québec assailli par la pollution que ce mode de transport fluvial a pratiquement remplacé l’automobile. Il s’agit tout au plus d’un cadre commode qui sert à mettre en place une simpliste histoire de filature d’un écologiste terroriste. Les motivations de Katherine, l’adolescente qui travaille pour le compte de la Sûreté du Québec, apparaissent difficilement compatibles avec sa personnalité rebelle. Le reste est à l’avenant, banal, sans grand intérêt. Un texte à oublier.

Enfin, Carmen Marois propose une nouvelle qui ne relève ni de la science-fiction ni du fantastique. « Muerta del Sol » utilise la technique de la narration alternée pour dénoncer l’indifférence des touristes qui vont passer leurs vacances dans les îles du Sud, là où le paradis exotique des uns cache l’enfer quotidien des autres. Par petites touches successives et sensibles, Carmen Marois amorce la mécanique implacable de la violence qui frappe sans discernement, dans toute son absurdité. Un texte dur sur les inégalités sociales qui détonne dans une telle anthologie. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 151-153.

Références

  • Anonyme, Littérature québécoise pour la jeunesse 1992, p. 30.
  • Dupuis, Simon, Lurelu, vol. 16, n˚ 1, p. 29.
  • Dupuis, Simon, Temps Tôt 24, p. 25-27.
  • Fecteau, Mario, Temps Tôt 37, p. 58.
  • Martel, Julie, Samizdat 24, p. 30-31.
  • Martel, Julie, Solaris 104, p. 59-60.