En 1979, Jean-Marc Gouanvic fonde, avec Esther Rochon et Clodomir Sauvé, la revue imagine… qu’il « veut ouverte aux divers courants qui constituent le genre “science-fiction”, de la hard science aux recherches plus spéculatives ou avant-gardistes ».

De fait, sous l’impulsion de Gouanvic, qui en est la véritable âme dirigeante, imagine… s’affiche tôt comme une revue de création littéraire, par opposition à Requiem/Solaris dont le contenu s’apparente davantage, à l’époque, à celui d’un magazine. Gouanvic accueille les textes expérimentaux, attire dans les pages de sa revue quelques écrivains établis et découvre de nouveaux talents – Agnès Guitard, Bertrand Bergeron, Pierre Sormany, Jean-Louis Trudel, pour n’en nommer que quelques-uns. Son retrait progressif de la direction coïncide avec le début du lent déclin de la revue, qui met fin à ses activités en 1998 avec la parution du numéro double 80/81.

Parallèlement à son travail de rédacteur en chef, Gouanvic dirige plusieurs collectifs. D’abord la série Espaces imaginaires, qui compte quatre tomes et dont l’objectif est d’établir des ponts entre la science-fiction québécoise et la science-fiction francophone. Des Français, des Belges et des Suisses figurent de façon paritaire au sommaire de ces recueils. Il poursuit ce travail de fond quand il devient directeur de la collection Autres mers, autres mondes créée par les Éditions Logiques en 1988. En quatre ans, la collection produit onze titres, dont cinq anthologies ou collectifs de très bonne qualité.

Il est utile aussi de rappeler que Gouanvic, fervent promoteur d’une science-fiction cristallisant les enjeux sociaux de la science et de la technologie, a longuement étudié les œuvres que ce genre a données en France et au Québec. Si sa thèse de doctorat portait sur la science-fiction française, de 1918 à 1968 – publiée en 1994 sous le titre La Science-fiction française au XXe siècle (1900-1968) –, il a également analysé le corpus québécois dans de nombreux articles destinés à des revues universitaires et il a dirigé, au cours des années 1980, un groupe de recherche sur l’image des sciences et des techniques dans la science-fiction québécoise à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

En tant qu’essayiste et directeur littéraire, Jean-Marc Gouanvic doit être considéré comme l’un des trois membres de la triade française – avec Norbert Spehner et Élisabeth Vonarburg – qui a jeté les bases de la science-fiction moderne au Québec.