À propos de cette édition

Éditeur
American Folk-Lore Society
Genre
Hybride
Longueur
Collectif
Format
Livre
Pagination
184
Lieu
Bloomington (Indiana)
Année de parution
1919

Résumé/Sommaire

Les contes de tradition orale composent un corpus particulier dans les genres de l’imaginaire. En plus d’avoir leurs propres codes, ils reposent sur une structure narrative qui fonctionne par accumulation d’événements improbables, voire invraisemblables. Le récit bifurque constamment, à la merci du conteur, dirait-on, qui semble s’en remettre à l’improvisation à partir de canevas éprouvés. Dans un tel contexte, résumer un conte n’est pas une sinécure. Si on impose rigoureusement une longueur maximale, on risque d’écarter des épisodes secondaires qui, bien souvent, distinguent les contes les uns des autres. Aussi les contes recueillis de la bouche même des conteurs font l’objet de résumés plus longs que ceux des nouvelles contemporaines dans le site.

[8 FY ; 1 FA ; 4 HG]
La Fée de la mer Verte
Le Petit Jardinier
Le Royaume sous l’eau
Le Coffre de fer
La Petite Souris et le petit charbon de feu
La Princesse du Tomboso
La Tête
Le Grand Sultan
Le Ruban bleu
Les Bossus
Le Bâton d’or
Robert et son sac
Le Spectre

Commentaires

Bien que cette série ne comporte pas d’introduction et se contente d’indiquer, dans une note en bas de page, que les contes et la légende contenus dans cette compilation « font suite à ceux des séries publiées les années dernières », il n’est pas inopportun de procéder à quelques commentaires. Les conteurs donnent l’impression de multiplier à l’envi les épisodes, les motifs s’appelant les uns les autres avec le souci constant de créer une géographie complexe qui risque d’égarer l’auditeur ou le lecteur, tout en faisant craindre à ce dernier que le conteur lui-même ne finisse par s’empêtrer et déclarer forfait. Mais c’est là méconnaître la pratique orale de l’art de conter. Il s’agit moins de maîtriser l’art de mémoriser un texte virtuel que de développer la capacité de mettre en récit de manière spontanée des canevas que la mémoire présente de manière successive. 

Le conteur suit son héros tout en sachant quel chemin il empruntera parce qu’il a disposé tout au long de sa route des repères qui le conduiront irrésistiblement vers la conclusion du récit, à la manière du Petit Poucet qui égrène des cailloux pour lui rappeler son chemin. Il suit donc un parcours émaillé de stations qui cristallisent les événements déterminants du récit. Il ne saurait y avoir, dans le conte, d’égarement que simulé. Dans l’esprit du conteur, tout conte est une carte pour vieux routier qui voit d’un coup d’œil où conduisent les épisodes et où ils vont aboutir. Ce qui doit étonner chez le conteur est donc moins sa mémoire que sa formidable capacité de visualisation et sa faconde à relater son périple. 

Pour en donner une image empruntée au cinéma, écouter un conte revient à assister à la projection en images off d’un film qui se déroule dans l’esprit du conteur. Nous n’y avons accès qu’à travers la vive voix à partir de laquelle nous nous faisons notre propre projection. Le conteur raconte, et nous faisons notre propre cinéma à partir de ce qu’il nous dit. Il y a donc autant de films que d’auditeurs, comme il y aura autant de contes que de lecteurs dans la présente série, bien que tous aient accès au même scénario. Nous sommes conviés à participer à une rêverie collective mais, dans les faits, elle se fragmente en rêveries personnelles. Et pour demeurer dans la métaphore cinématographique, ajoutons, à la suite du cinéaste Bertrand Tavernier, qu’un conte (un film) est bien raconté quand tout le monde dort et que personne ne s’en plaint. Comprendre : quand on décroche de son quotidien pour basculer dans l’Ailleurs. Une échappée belle, en somme. [BB]