Le conte, qui a été le mode de prédilection des prosateurs du XIXe siècle au Québec, n’a déjà plus, chez Pamphile LeMay, la même forme que chez son contemporain Louis Fréchette quand paraît son recueil Contes vrais. La forme apparaît plus littéraire, moins marquée par la tradition orale qu’implique le recours à un conteur comme Jos Violon, adjuvant de Louis Fréchette, ou le père Michel, porte-voix de Joseph-Charles Taché. Chez LeMay, point d’intermédiaire pour nous mettre en garde contre la cupidité, la jalousie ou l’éloignement de la religion qui alimentent le discours moral du conteur.

L’œuvre fantastique de Pamphile LeMay se résume à huit contes, écrits entre 1895 et 1899, alors que l’auteur est à la retraite après avoir été bibliothécaire à l’Assemblée législative pendant vingt-cinq ans. Cependant, le fait d’être regroupés dans un recueil, à une époque où ceux-ci étaient rares, a assuré à ces contes une pérennité qu’ils méritent pleinement. Fait à noter, quatre d’entre eux, la série de « La Maison hantée », ont été publiés en premier lieu dans le recueil alors qu’habituellement, les textes paraissaient d’abord dans les journaux ou revues littéraires.

L’intérêt des contes fantastiques de LeMay réside dans la belle diversité de leurs figures emblématiques (revenant, loup-garou, sorcier amérindien), mais aussi dans la description d’un mode de vie qui commence à subir les assauts du progrès à l’aube du XXe siècle. LeMay se fait ethnologue autant qu’écrivain quand il évoque les travaux aratoires, la vie sur la ferme rythmée par les saisons, et les rites sociaux et religieux qui contribuent à la stabilité de cette société encore en grande partie rurale.

Plus qu’un récit édifiant au service des forces conservatrices de la société, le conte fantastique pratiqué par Pamphile LeMay témoigne des valeurs morales davantage que religieuses de la collectivité québécoise. C’est la raison pour laquelle on peut le lire encore aujourd’hui avec intérêt et plaisir.

 

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